La varroose, une maladie parasitaire dévastatrice causée par le varroa destructor, représente une menace majeure pour les abeilles domestiques (Apis mellifera) et l’apiculture mondiale.
Cet article a comme objectif de vous expliquer ce qu’est la varroose et quelles en sont les conséquences aussi bien pour l’abeille, sa colonie et les écosystèmes en général
Biologie et alimentation de l’abeille (apis mellifera)
Un corps en 3 parties
Le corps de l’abeille se compose de trois parties distinctes : la tête, le thorax et l’abdomen.
- La tête de l’abeille lui confère une vue à presque 360° grâce à ses deux grands yeux complexes et à ses 3 yeux (yeux simples) sur le dessus de sa tête.
- Son thorax est composé de 3 paires de pattes et 2 paires d’ailes
- Son abdomen contient le jabot, le réservoir qui stocke le nectar lors des récoltes, le dard, les glandes cirières. L’abdomen est constitué de 7 segments, ce sont comme des anneaux successifs qui composent l’abdomen.
Retenez bien cette notion de segment ✍️, car il a une très grande importance pour le varroa !
Deux éléments essentiels : les corps gras et l’hémolymphe
Je ne vais pas vous faire un cours complet sur l’anatomie de l’abeille.
Toutefois, les corps gras et l’hémolymphe sont très importants à connaître pour comprendre l’impact de la varroose sur l’abeille.
L’hémolymphe
L’hémolymphe, équivalent du sang chez les abeilles, est un fluide qui circule dans tout le corps de l’abeille. Il transporte les nutriments essentiels au maintien de la santé de l’abeille.
Les corps gras
Les corps gras sont des tissus vitaux pour le stockage des nutriments de l’abeille. Ils jouent un rôle crucial dans leur survie, leur résistance aux maladies et leur capacité à maintenir l’équilibre énergétique.
Alimentation
Les abeilles se nourrissent essentiellement de miel qu’elles élaborent à partir du nectar et de pollen qu’elles récoltent dans les fleurs, et d’eau. Le miel assure un apport énergétique, tandis que le pollen assure l’apport en protéines et lipides.
Le varroa et la varroose sur l’apis mellifera
Le varroa
Le varroa est un acarien. Découvert en 1904 par Edward Jacobson sur l’apis cerana. Cette abeille a développé une certaine résistance et des mécanismes de défense contre ce parasite.
Le varroa a commencé à affecter l’abeille domestique (Apis mellifera) après que des colonies d’apis mellifera aient été importées sur l’île de Java. Ce parasite s’est ensuite propagé dans le monde entier, principalement à cause du commerce international des abeilles et des produits de la ruche.
Dorénavant, pour la suite de l’article, je ne vais parler que du varroa femelle. En effet, le varroa mâle n’est pas d’impact direct sur l’abeille.
Si vous voulez en connaître plus sur l’origine du varroa et sa biologie, je vous invite à consulter ce premier article de la série sur le varroa.
Où se place le varroa ?
Le varroa porte 4 paires de pattes, donc 8 pattes en tout. L’extrémité de chaque patte dispose d’une sorte de ventouse qui permet d’adhérer.
Les varroas ont d’ailleurs une préférence pour les abeilles qui ont le rôle de nourrices. Cela s’explique parce « qu’elles ont un taux plus élevé de protéines et des corps gras plus développés » (Guide FNOSAD « Varroa et varroose » p24)
Les varroas femelles se placent généralement sur l’abdomen des abeilles. Elles se glissent sous les segments de l’abeille pour 2 raisons :
- Éviter d’être enlevé quand l’abeille essaie de se nettoyer
- Se nourrir en se glissant entre les parties du corps de l’abeille, dans les parties fragiles
Et le varroa apporta la varroose !
Une fois que le varroa s’attache au corps de l’abeille, il se nourrit de l’hémolymphe et des corps gras de l’abeille que j’ai présentés en première partie de l’article.
Imaginez un moment qu’un insecte de la taille d’un crabe s’installe dans votre dos, vous pompe votre sang et aspire vos graisses ! 😲
La ponction par le varroa de ces deux composants vitaux chez l’abeille entraîne un affaiblissement significatif de l’insecte. Également une vulnérabilité accrue aux maladies et une perturbation de leur capacité à fonctionner normalement au sein de la colonie.
Cet ensemble d’affections complexes liées au parasitisme de varroa destructor s’appelle la varroose.
La varroose est donc une maladie parasitaire due au varroa
Conséquences de la varroose pour l’hôte (l’abeille)
Les conséquences de l’infestation par le varroa s’appellent la varroose.
La varroose est une maladie complexe dont les effets sont multiples
Guide FNOSAD « Varroa et varroose »
Voici un aperçu des symptômes résultant de l’infestation du varroa et qui constitue « la varroose »
La spoliation de l’abeille
Le varroa ponctionne jusqu’à 20% de l’hémolymphe de l’abeille, il réduit également le taux de protéines et la proportion d’eau dans le corps de l’abeille.
Le poids de l’abeille
Le poids à l’émergence de l’ouvrière peut être réduit de 3%, en grande partie à cause de la perte d’eau
Anomalies morphologiques
Les abeilles qui naissent avec la varroose peuvent présenter plusieurs anomalies visibles à l’œil nu :
- ailes atrophiées
- abdomen raccourci
- décoloration
Espérance de vie réduite
L’infestation par le varroa pendant le développement d’une abeille, c’est-à-dire lorsque l’abeille est infectée lorsqu’elle est dans le couvain, réduit son espérance de vie.
Cette réduction de durée de vie impacte la quantité de nourriture amassée par la colonie. Du coup, la population de la colonie diminue empêchant la bonne régulation dans la colonie et cela entraine des pertes thermiques plus importantes.
C’est un effet domino dévastateur pour la colonie !
Impact sur l’alimentation
Les abeilles produisent la nourriture pour alimenter les larves et les abeilles adultes. Cette nourriture est produite grâce à des glandes hypopharyngiennes.
La varroose réduit la taille de ces glandes causant une disponibilité réduite de nourriture pour les larves
Capacités cognitives réduites
Les abeilles ont des capacités cognitives complexes comme
- le traitement de l’information
- l’apprentissage
- la mémoire
- les relations entre abeilles
Du fait de la varroose, les abeilles ont une plus grande probabilité de se perdre et ne peuvent plus retourner à la ruche
Fécondité réduite des mâles
Lors de l’infestation des cellules de couvain de mâle par les varroas, les mâles peuvent perdre jusqu’à 10% de leur poids. Ces mâles affectés produisent moins de spermatozoïdes.
Cette baisse de la fécondité altère la fécondation des reines et par voie de conséquence la reproduction des colonies.
Baisse de I’immunité des abeilles et transmission de virus
L’infestation de varroa induit une plus grande sensibilité des abeilles aux agressions extérieures. Les virus prolifèrent plus dans une colonie affectée par le varroa.
Le varroa est un vecteur mécanique de virus, il transfère les virus d’une abeille à l’autre. C’est comme les pouces et les poux qui ont propagé la peste noire au 14e siècle.
Parmi les virus véhiculés par le varroa, il y a
- le virus des ailes déformées, le DWV (Deformed Wing Virus)
- ou encore le virus de paralysie aiguë, l’ABPV (Acute Bee Paralysis Virus) qui affecte aussi bien les abeilles adultes que le couvain.
Conséquences de la varroose pour la colonie (l’abeille)
Comme vous avez pu le lire précédemment, la varroose a de très nombreuses conséquences pour l’abeille.
Maintenant, si nous prenons un peu de recul en regardant les conséquences de la varroose à l’échelle d’une colonie d’abeilles.
Et vous allez vous rendre compte que les conséquences arrivent en cascade
1° étape : la fondatrice | L’infestation commence lorsqu’une femelle varroa fondatrice, souvent appelée « fondatrice », entre dans la colonie. Elle arrive en s’attachant à une abeille ouvrière ou en profitant d’une interaction entre abeilles de différentes colonies. |
2° étape : invasion du couvain | Une fois à l’intérieur de la ruche, la fondatrice cherche activement le couvain, en particulier les cellules de couvain prêtes à être operculées. Elle s’introduit dans une cellule de couvain, se cachant sous l’opercule, juste avant que l’abeille ouvrière ne la scelle. |
3° étape : reproduction | Dans la cellule operculée, la varroa fondatrice commence son cycle de reproduction. Elle pond plusieurs œufs, le premier donnant naissance à un mâle et les suivants à des femelles. Les jeunes varroas se nourrissent de la nymphe, affaiblissant ainsi le futur adulte. |
4° étape : phorésie | Les varroas femelles matures émergent de la cellule avec l’abeille adulte. Elles se dispersent ensuite dans la ruche, cherchant de nouvelles cellules de couvain pour continuer leur cycle de reproduction, augmentant ainsi la population de varroas dans la colonie. C’est la phase phorétique des varroas |
5° étape : propagation | Au fil du temps, la population de varroas augmente rapidement, infestant de plus en plus de cellules de couvain. Les abeilles adultes, y compris les ouvrières et les faux-bourdons, peuvent également être infestées, affaiblissant davantage la colonie. |
6° étape : affaiblissement | L’infestation massive par le varroa entraîne un affaiblissement général de la colonie. Les abeilles présentent des symptômes tels que des ailes déformées, une réduction de la longévité, et une diminution de leur capacité à collecter de la nourriture et à s’occuper du couvain. |
7° étape : varroose | Le varroa agit également comme vecteur de diverses maladies virales, exacerbant les effets de l’infestation. Ces maladies peuvent accélérer le déclin de la colonie et augmenter la mortalité des abeilles. |
8° étape : mort de la colonie | Si l’infestation par le varroa n’est pas contrôlée, elle peut finalement conduire à l’effondrement et à la mort de la colonie. Cela se produit souvent en hiver, lorsque les abeilles sont déjà affaiblies et que les ressources sont limitées. |
Conséquences globales de la varroose
Diminution du nombre d’abeilles
La varroose, causée par l’infestation du varroa destructor, a des conséquences alarmantes sur les populations d’abeilles à l’échelle mondiale.
Elle entraîne une diminution significative du nombre de colonies d’abeilles, un phénomène qui suscite de vives inquiétudes pour la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes.
Les abeilles jouent un rôle crucial dans la nature, non seulement en tant que productrices de miel, mais aussi en tant que pollinisatrices clés pour une multitude de plantes. Plusieurs d’entre elles produisent des fruits et des légumes que nous consommons.
La réduction des populations d’abeilles affecte directement la production de miel et menace la viabilité économique de l’apiculture.
De plus, cette diminution a des répercussions bien au-delà des ruches : elle affecte la santé et la diversité des plantes sauvages, essentielles pour le maintien de la biodiversité dans de nombreux écosystèmes. En conséquence, la varroose ne menace pas seulement les abeilles et les apiculteurs, mais a des implications environnementales plus larges pour la santé environnementale globale.
Réduction de la pollinisation
La pollinisation effectuée par les abeilles, aussi bien domestiques que sauvages, est vitale pour la santé des écosystèmes et la sécurité alimentaire mondiale.
En effet, une grande partie des cultures mondiales dépend des abeilles pour la pollinisation, ce qui inclut de nombreux fruits, légumes, et cultures à graines oléagineuses.
La diminution des populations d’abeilles due à la varroose menace donc la diversité et l’abondance de notre alimentation.
Sans une bonne pollinisation, de nombreuses plantes ne peuvent pas se reproduire ou produire les fruits et les graines qui constituent une partie importante de l’alimentation humaine et animale. De plus, la santé des écosystèmes naturels est compromise, car les abeilles participent à la santé et à la diversité des habitats naturels.
En somme, la varroose, en affaiblissant et en réduisant les populations d’abeilles, menace non seulement l’apiculture, mais aussi la biodiversité, la production agricole, et l’équilibre des écosystèmes.
En conclusion, la varroose est causée par le varroa destructor. Cette maladie complexe entraine divers effets. Dans d’autres articles, je parlerai des moyens de détection du varroa et de la varroose ainsi que des traitements chimiques (médicaments) et mécaniques possibles pour en réduire l’infestation.
La gestion et la lutte contre la varroose sont une nécessité dès lors que vous pratiquez l’apiculture et que vous avez des ruches.
Sources :
- https://gds19.org/Docs/PDF/Apiculture/Fiches/Fiche3_LaVarroose.pdf
- https://gdsa83.fr/la-varroose/
- https://www.gds49.com/telechargements/fiches-maladies/la-varroose/
- https://www.varroa-destructor.fr/
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