Dans la lutte contre le varroa, les méthodes bio techniques offrent un complément aux traitements chimiques.
Pourquoi utiliser le terme bio technique ? Tout simplement parce que « bio » signifie « biologique ». Le nom complet serait « techniques biologiques ».
Ces techniques, fondées sur des principes biologiques, sont de plus en plus privilégiées par les apiculteurs conscients des limites des traitements chimiques et soucieux de ne pas introduire de substances nocives dans leurs colonies.
Bien que ces méthodes bio ne garantissent pas une protection continue contre les réinfestations. Elles permettent de réduire la pression du varroa à différents moments de l’année. Elles peuvent être utilisées même en présence de hausses et doivent s’intégrer dans une stratégie globale de lutte contre le varroa, combinant à la fois des approches biologiques et chimiques.
Ces techniques bio, telles que le retrait du couvain de mâle et l’encagement de la reine, offrent des solutions efficaces et respectueuses de l’environnement pour contrôler le varroa, tout en préservant la santé des abeilles.
Varroa et Varroose
Le varroa destructor, un acarien parasite, est une menace significative pour l’abeille domestique, Apis mellifera.
Identifié pour la première fois en 1904 sur l’île de Java, ce parasite infestait à l’origine l’abeille asiatique, Apis cerana, qui avait développé une résistance naturelle.
Toutefois, avec l’introduction de l’Apis mellifera sur l’île, le varroa a commencé à s’attaquer à cette nouvelle hôte, se propageant par la suite à l’échelle mondiale, principalement en raison du commerce international des abeilles.
Quant à la varroose, elle désigne un ensemble de maladies graves provoquées par le varroa destructor, ayant un impact dévastateur sur les abeilles domestiques et l’apiculture à l’échelle mondiale.
Ces maladies découlent de l’infestation par le varroa, qui se nourrit de l’hémolymphe et des corps gras des abeilles. Cette infestation conduit à un affaiblissement notable, une sensibilité accrue aux maladies, et une perturbation de leurs fonctions normales au sein de la colonie.
La varroose entraîne diverses conséquences néfastes, affectant non seulement les abeilles individuellement, mais aussi la santé globale de la colonie.
Parmi ces conséquences, on trouve :
- la spoliation de l’abeille
- une réduction de son poids
- des anomalies morphologiques
- une espérance de vie diminuée
- un impact négatif sur l’alimentation des larves
- une réduction des capacités cognitives
- une fécondité amoindrie chez les mâles
- une baisse de l’immunité
- la transmission de virus
Les moyens de lutte chimique et bio technique contre varroa
La lutte chimique contre le varroa utilise des acaricides autorisés, comme l’acide oxalique, acide formique ou encore l’amitraze, appliqués dans les ruches pour éliminer efficacement les varroas tout en protégeant les abeilles.
Cette méthode nécessite une application soigneuse pour éviter la résistance et les effets négatifs sur les abeilles.
Parallèlement, il y existe des moyens de lutte mécanique, que l’on peut également appeler bio technique. Ces techniques incluent le retrait du couvain mâle, l’encagement des reines ou encore la création d’essaims artificiels.
Les luttes bio techniques contre varroa
Les méthodes biotechniques contre le varroa exploitent les particularités biologiques de l’acarien et de l’abeille pour réduire la pression parasitaire.
Bien que leur efficacité soit modérée lorsqu’elles sont utilisées seules, elles sont précieuses pour diminuer la présence de varroa à différents moments de l’année, y compris lorsque la colonie stocke du miel dans les hausses.
Ces techniques sont à intégrer dans une stratégie globale de lutte contre le varroa. La combinaison des approches biologiques et chimiques permet une gestion plus efficace et complète de ce parasite.
1. Retrait du couvain de mâle
Principe
Éliminer les cellules de couvain de faux-bourdons où les varroas se reproduisent.
Explication biologique
Le couvain mâle est 8 fois plus infesté par le varroa que le couvain des ouvrières. En effet, les varroas sont attirés par le couvain de mâles pour leur cycle de reproduction plus long, ce qui favorise leur développement.
Il y a un effet positif de la suppression de couvain de mâle alors qu’aucun effet négatif n’a été observé. Que de bonus en quelque sorte 😄
Période de l’année
Le retrait de couvain de mâle se fait au printemps, c’est une période de reproduction des varroas et c’est également à cette période que les colonies élèvent des mâles.
Concrètement, comment fait-on ?
- Introduire 1 à 2 cadres à mâles ou des cadres de hausse ou des cadres de corps avec une simple amorce de cire dans le corps de ruche.
- Attendre quelques jours à semaines. La durée varie selon la force de la colonie, les conditions climatiques, et le type de cadre introduit.
- Une fois que le cadre est bâti et que le couvain est fermé, retirer le cadre de la ruche
- Découper la partie de couvain de mâles et la supprimer (poubelle)
Il est possible d’effectuer 1 à 4 retraits de couvain de mâles par saison selon la FNOSAD
Précaution !
⚠️ Retirer le cadre de couvain de mâle avant son éclosion (24 jours au total), sinon vous allez faire un élevage de varroa !
⚠️ L’efficacité de cette technique bio contre varroa ne permet pas de réduire à un niveau qui permet de se passer de traitement chimique
2. Encagement de la reine : une bio technique radicale contre varroa
Principe
Isoler la reine pendant 21 à 25 jours pour stopper la ponte dans la colonie et interrompre ainsi le cycle de reproduction du varroa.
Explication biologique
Les varroas se reproduisent DANS les cellules de couvain. Du coup, en isolant la reine, il n’y a pas de nouveau couvain, les varroas ne peuvent pas se reproduire, ce qui réduit leur population. CQFD 😁
Il y a deux conséquences
- La croissance de la population de varroa est stoppée
- Tous les varroas se trouvent en phase de phorésie (dispersion), du coup ils sont plus vulnérables aux traitements chimiques
On appelle cette méthode une méthode populationnelle, car elle a un effet sur les populations d’ouvrières
Période de l’année
Pendant l’été, entre fin juin et fin juillet.
Il ne doit pas y avoir de hausse pendant le traitement à la fin de l’encagement.
Concrètement, comment fait-on ?
- Placer la reine dans une cage spéciale (Scalvini, Var Control Mozzato)
- Placer la cage au milieu du couvain, de préférence en haut du cadre
- Attendre 22 à 25 jours pour que tout le couvain d’ouvrières et de mâles naisse
- Placer la reine dans une cage spéciale à l’intérieur de la ruche pour une durée déterminée.
- Traiter la ruche avec un médicament par dégouttement avec acide oxalique (Oxybee, Apibioxal …). La FNOSAD recommande de laisser la reine dans sa cagette et la mettre hors de la ruche pendant la durée du traitement.
- Libérer la reine dans la colonie après le traitement, la même journée
Précaution !
⚠️ Suivez la reprise de ponte de la reine post-traitement
⚠️ Cette méthode ne protège pas contre le risque d’une réinfestation en hiver. Un traitement hivernal complémentaire est conseillé !
⚠️ Il existe pléthore de cage et cagette qui existe : des cages qui ont la taille d’un cadre, des cagettes suspendues, etc. La plus populaire est la Scalvini.
3. Destruction du couvain : Bio contrôle du varroa
Principe
Supprimer tout le couvain de la ruche pour interrompre le cycle de reproduction du varroa.
Explication biologique
Le retrait du couvain d’ouvrières et de mâles empêche la reproduction des varroas. La population de varroa est alors entièrement en phase phorétique, c’est-à-dire que les varroas sont dispersés en dehors des cellules.
Cette technique a un effet immédiat sur la réduction de la population de varroa.
On appelle cette méthode une méthode populationnelle, car elle a un effet sur les populations d’ouvrières. En effet, il faudra attendre plusieurs semaines après le traitement pour que de nouvelles ouvrières naissent.
Période de l’année
Le retrait total du couvain peut se faire à deux moments :
- Soit après la dernière récolte de miel
- Soit juste avant le traitement hivernal
Le mieux est d’utiliser cette technique lors d’une rupture de ponte de la reine au milieu de l’été ou encore en début d’année (janvier) ou encore lors d’une miellée bloquante.
Concrètement, comment on fait ?
- Identifier un moment où le couvain est particulièrement peu développé
- Griffer TOUT le couvain fermé avec une herse à désoperculer
- Attendre 1 à 2 jours le temps que les abeilles nettoient les cellules, les varroas sortiront
- Appliquer un traitement par dégouttement avec acide oxalique (Oxybee, Apibioxal …)
Précaution !
⚠️ Si la suppression du couvain se fait avant l’hiver, je vous recommande de le faire tôt avant l’hivernage afin que la colonie puisse se remettre de cette baisse temporaire de population.
4. Formation d’essaim artificiel : coup double !
Principe
Diviser la colonie pour diminuer la densité de varroas
Explication biologique
La division réduit l’infestation d’un quart, voire d’un tiers dans la colonie mère. Avec la division, les varroas phorétiques et les varroas qui sont dans le couvain sont répartis en deux colonies au lieu d’une seule.
L’apiculteur peut provoquer une rupture de ponte dans le nouvel essaim pour traiter à l’acide oxalique par la suite.
C’est une méthode populationnelle, car elle a un effet direct sur les populations d’ouvrières
Période de l’année
Idéal au printemps, période propice à la création de nouveaux essaims.
Concrètement, comment fait-on ?
- Prélevez environ 3 cadres de couvain operculé et non operculé avec les nourrices dans la colonie souche, sans la reine, et mettez-les dans une autre ruche/ruchette
- Introduire une nouvelle reine dans une cagette type scaldini
- Attendre que tout le couvain soit né (entre 21 et 25 jours)
- Traiter à l’acide oxalique par dégouttement, en mettant la reine de côté le temps du traitement
- Libérer la reine dans le nouvel essaim
Vous pouvez procéder de la même manière pour la colonie souche en gardant la reine d’origine
Précaution !
⚠️ Je vous recommande de le faire tôt avant l’hivernage afin que les colonies puissent se remettre de cette baisse temporaire de population.
⚠️ Suivez la reprise de ponte de la reine post traitement
5. Traitement thermique du couvain
Principe
Utiliser la chaleur pour tuer les varroas sans blesser les abeilles et le couvain.
Explication biologique
Les varroas présentent une sensibilité accrue à la chaleur comparativement aux abeilles et à leur couvain. Ils prospèrent à une température avoisinant les 33°C, mais leur capacité à se reproduire est inhibée au-delà de 37°C. À des températures supérieures à 40°C, les varroas meurent.
Période de l’année
Au printemps, en été et en automne
Concrètement, comment on fait ?
Cette technique bio contre le varroa est la plus coûteuse car elle nécessite du matériel qu’il faut acheter dans le commerce. Il existe plusieurs appareils :
- Varroa Controller
- Varroa Kill II
- Varroa Eliminator
À ce sujet, je vous invite à lire le test qu’a réalisé l’association « Les amis des abeilles du Val-d’Oise » en 2015. Ils ont testé l’efficacité de ces différents appareils.
En tout cas, il existe des processus d’utilisation pour chaque appareil ainsi qu’un calendrier à tenir. Le coût du matériel, l’encombrement, le nombre d’étapes sont clairement des obstacles à la popularité de cette technique.
Les méthodes bio techniques de lutte contre le varroa, basées sur des principes biologiques, connaissent une recrudescence d’intérêt dans le monde de l’apiculture.
Cette tendance est motivée par les limites croissantes des traitements chimiques, notamment en termes d’efficacité et de résistance, mais aussi par une volonté de réduire l’introduction de substances chimiques au sein des colonies.
Ces approches bio, bien qu’efficaces pour contrôler les populations de varroa de manière ponctuelle, ne garantissent pas une protection à long terme contre les réinfestations. Elles nécessitent donc une application régulière et une surveillance attentive pour maintenir la santé et la vigueur des colonies d’abeilles.
Une combinaison de techniques biologiques contre varroa et l’application de traitements chimiques ciblés peuvent constituer des options efficaces pour contrôler les populations d’acariens dans les colonies.
Sources
- Guide « Varroa et varroose » de la FNOSAD (Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales)
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