Nous avons tous déjà entendu l’importance de la pollinisation par les abeilles. Que sans elles, notre assiette serait bien vide et que nous courions à notre déclin.
Je vous propose dans cet article d’aller au fond de ce sujet en découvrant ce qu’est précisément la pollinisation, quel est son impact sur notre agriculture, pourquoi elle est vitale pour nous et comment on peut aider les abeilles ainsi que les autres pollinisateurs.
Cet article s’appuie sur les ressources de l’INRA (l’Institut National de la Recherche Agronomique) ainsi que l’ITSAP (l’Institut de l’Abeille) qui ont publié le MOOC « Abeilles et Environnement ».
L’importance de la pollinisation des abeilles
La pollinisation est le transport des grains de pollen d’une fleur dans le stigmate d’une autre fleur. Le grain de pollen va descendre dans la fleur pour la féconder. Cette fécondation va déclencher la production d’une graine et d’un fruit.
Les temps forts de la pollinisation sont donc
- Le transport des grains de pollen d’une fleur à une autre
- La fécondation de la fleur avec le grain de pollen qui descend dans le stigmate de la fleur
Il n’y a pas que les abeilles qui sont impliquées dans le processus de pollinisation. Il y a également des papillons, les bourdons, les coléoptères, les diptères, les syrphes, les oiseaux, les chauves-souris, le vent est également un acteur pollinisateur.
Comment les abeilles repèrent les fleurs ?
Pendant leur vol, les abeilles butineuses localisent de loin les fleurs à butiner. Elles les repèrent grâce à la couleur de la fleur, mais également grâce aux odeurs que chaque fleur émet.
En se posant, la butineuse est guidée visuellement par les rayures et dessins sur la fleur qui indique à l’abeille où se trouve la source de nectar.
En se dirigeant vers cette source, le corps de l’abeille va s’enduire des grains de pollen produit par la fleur, elle va également déposer les grains de pollen qu’elle a pu collecter lors de la visite des fleurs qu’elle a précédemment récoltée.
Les rayures aident les pollinisateurs à se guider.
La majorité des plantes sont visitées par un grand nombre de pollinisateurs et la majorité des pollinisateurs visitent un grand nombre de plantes.
Il existe très peu de relation spécialiste-spécialiste, par exemple telle plante ne peut être butinée que par un type de pollinisateur.
Pollinisation, abeilles et production agricole
Saviez-vous que sur les 100 plantes les plus couramment utilisées en agriculture, 70 de ces plantes dépendent des pollinisateurs pour leur production ?
Certaines cultures ont une dépendance très forte à l’égard de pollinisateurs et certaines n’ont pas besoin d’insectes pour leur production comme la culture du blé, ou du riz.
L’effet des pollinisateurs sur la production agricole
On estime que 35% de la production mondiale agricole est obtenue grâce à l’action de pollinisation de la part des insectes.
Si on chiffre l’importance des pollinisateurs dans l’économie mondiale agricole, on arrive à un chiffre de 300 milliards de dollars par an de production agricole obtenue grâce aux pollinisateurs.
L’agriculture est extrêmement bénéficiaire de l’action des pollinisateurs et les pollinisateurs sont également extrêmement bénéficiaires de ces ressources alimentaires (nectar et pollen). Il y a une interdépendance entre l’agriculture et la pollinisation, l’un de va pas sans l’autre.
L’effet des pollinisateurs sur les nutriments des fruits et légumes
Grâce à la fécondation des fleurs par la pollinisation par les abeilles, les graines et fruits ainsi obtenus contiennent des micronutriments très bénéfiques pour la santé des hommes. C’est le cas notamment de micronutriment riche en
- antioxydant pour les cerises
- omégas 3 et omégas 6 pour l’huile de colza
- zinc et magnésium pour les pommes
- vitamine C pour plusieurs fruits et légumes
L’effet des pollinisateurs sur la qualité des récoltes
Un autre bénéfice de la pollinisation est que les récoltes sont plus qualitatives: les fraises sont beaucoup plus belles par exemple, les tournesols produisent des graines contenant un pourcentage d’huile plus important.
Quels sont les pollinisateurs que l’on retrouve dans les cultures ? Et comment les attirer ?
On retrouve dans les cultures des abeilles, des syrphes, des lépidoptères …. Ils constituent une communauté de pollinisateurs. Plus la communauté est diverse et meilleur est le service de pollinisation.
Ces pollinisateurs sont un déterminant majeur de la production agricole.
Une manière de les attirer est de créer des espaces semi-naturels à côté des zones de culture, comme par exemple des bois, des haies, des friches.
Plus il y a de fleurs sauvages autour des cultures et plus il y aura la visite de pollinisateurs.
Une étude démontre qu’un champ de myrtille à côté duquel des bandes fleuries sont ajoutées augmente le nombre de visites des pollinisateurs.
Les effets de l’agriculture intensive sur les pollinisateurs
Toujours en se basant sur des études scientifiques, l’INRA (l’Institut National de la Recherche Agronomique) ainsi que l’ITSAP (l’Institut de l’Abeille) ont pu démontrer que plus une parcelle agricole est gérée intensivement et moins les pollinisateurs visiteront cette parcelle.
Production agricole et nourriture de l’abeille
Les plantes pollinisées offrent une ressource à leur pollinisateur. Deux ressources plus exactement.
Le nectar
C‘est un liquide sucré qui est produit par les nectaires des fleurs.
C’est ce nectar qui, une fois récolté par les abeilles butineuses, permet de produire du miel après tout un processus de transformation par les abeilles (déshydratations, ajout d’enzymes, maturation).
Le nectar est récolté par l’abeille grâce à sa langue qui aspire le nectar pour le stocker dans son jabot, c’est une poche située à l’intérieur de l’abeille et qui permet de le « recracher » une fois arrivé dans la ruche.
Le pollen
Le pollen est une ressource très riche en protéines. Certains pollinisateurs ne consomment que cette ressource et se désintéressent du nectar, on appelle ces insectes des pollenivores. Ce n’est pas le cas de l’abeille (sauvage ou domestique) qui elle s’intéresse aux deux ressources.
Le pollen est récolté par les abeilles grâce à leur paire de pattes arrière que l’on nomme les corbeilles à pollen. Si vous voulez en savoir plus sur la biologie de l’abeille, je vous invite à lire cet article qui dit tout sur elle (c’est un article pilier de ce blog).
Les grandes cultures et leurs effets sur le bol alimentaire des abeilles
Les grandes cultures françaises, comme les champs de colza et de tournesol, bien que massives en quantité, ne contribue pas tant à la diversification de l’alimentation des abeilles.
Cette culture florale de masse est apparue dans les années 1950-1970 avec comme conséquence de proposer des quantités considérables de fleurs sur des périodes courtes.
Les abeilles ont besoin au contraire de diversité florale qui est un gage de bonne santé des abeilles.
Les pratiques agricoles ont un effet sur l’abondance et la diversité en espèces végétales, ce qui a un effet sur le comportement des abeilles.
Plus d’agriculture intensive, moins de diversité, moins de pollinisateurs
Les effets d’une nourriture peu diversifiée sur les abeilles
L’INRA s’est aperçu que lorsque la nourriture des abeilles est carencée du fait d’un manque de diversification de pollen, les ouvrières avaient des capacités de nourrices réduites. Cela déclenche une cascade de conséquences.
Capacités de nourrices réduites des ouvrières => moins de larves => moins d’ouvrières adultes naissantes
Une abeille ouvrière a une longévité réduite de 10 jours lorsqu’elle a été nourrie toute sa vie par une nourriture pauvre.
Durée de vie: 5 à 6 semaines de durée de vie => 3 à 4 semaines de longévité d’une abeille ouvrière
L’effet des pesticides sur les abeilles
L’effet des insecticides
Ce type de pesticide réduit la durée de vie des abeilles. En effet, le nectar et le pollen peuvent être contaminés par des résidus de pesticides, créant ainsi un risque d’intoxication de l’abeille par ces résidus.
L’effet des herbicides
Ce pesticide n’a pas un effet direct sur les abeilles, néanmoins il réduit la quantité des ressources florales dans le paysage, les abeilles ont donc moins à butiner et donc moins d’intérêt à s’intéresser aux parcelles agricoles à proximité de ce « no flowers land » (terrain pauvre en fleurs).
Les herbicides vont également façonner la flore spontanée des parcelles et aux bords des champs conditionnant l’alimentation de l’abeille domestique.
L’effet des pesticides néonicotinoïdes
Ils font débat depuis les années 1990, à cette période où les apiculteurs observaient des dépopulations de ruches près des champs de tournesol traité aux néonicotinoïdes. Les apiculteurs ne voyaient pas d’amas d’abeilles devant les ruches ou sur le plancher dans la ruche. Ils ont alors supposé que les butineuses étaient exposées aux insecticides néonicotinoïdes entrainant leur non-retour à la ruche.
S’en sont suivi 20 années de travaux scientifiques. Ils ont pu démontrer grâce à l’utilisation de puces RFID collées sur le thorax des butineuses que de faibles doses de néonicotinoïdes augmentent par 2 à 3 le nombre de butineuses qui ne reviennent pas à la ruche: VICTOIRE !
Les scientifiques ont pu démontrer l’effet d’une molécule utilisée dans les néonicotinoïdes sur les abeilles.
Voici la vidéo reportage du travail qui a été réalisé
Les effets des cocktails de pesticides
En réalité, la surmortalité des abeilles n’est pas l’effet d’une seule molécule. Il peut y avoir des pollens qui sont chargés de 10 à 15 produits chimiques selon la période de l’année et la zone géographique.
L’INRA est aujourd’hui incapable de dire à un apiculteur qui fait l’analyse de son pollen si le cocktail de produits est dangereux ou pas pour la colonie au vu du nombre de molécules.
L’importance des ressources sauvages
Les plantes sauvages ont un rôle extrêmement important, car elles permettent de continuer d’apporter des ressources aux populations de pollinisateurs avant ou après les grandes périodes de culture en France comme notamment le colza et le tournesol. Une fois que la floraison du colza est terminée, s’il n’y a pas d’autres floraisons, les pollinisateurs sont en manque de ressources alimentaires.
Les périodes de disette
Il est possible pour les agriculteurs d’apporter des ressources nécessaires aux pollinisateurs entre 2 périodes de culture, c’est une période pauvre en nourriture, entre 2 floraisons.
C’est le cas en juin par exemple, c’est une période pendant laquelle l’agriculteur peut semer un couvert végétal, comme le pratique Régis, un agriculteur que j’ai interviewé, pour créer une diversité florale courte, mais tout de même importante.
Le coquelicot, par exemple, a un apport pollinique essentiel pour les abeilles domestiques.
On parle de disette, car au mois de mai et juin, la population d’abeilles ouvrières est à son maximum, c’est-à-dire environ 30.000 ouvrières or c’est à cette même période que les réserves alimentaires sont au plus bas du fait de l’inter-culture, la culture du colza est terminée et la prochaine culture n’a pas encore fleuri.
Il y a un déficit entre l’offre et la demande de nourriture. Et plus la disette est importante pour une ruche, moins il y a d’ouvrières durant l’été et donc moins de force vive dans les ruches pour faire du miel au cœur de l’été.
La période d’été
Les abeilles constituent leurs réserves alimentaires pour l’hiver pendant l’été. Les bois ont alors une très grande importance en termes d’apport de nourriture aux abeilles.
Si le paysage ne présente pas de lisière, de haies, les agriculteurs peuvent semer des intercultures dans leurs parcelles. On appelle ces intercultures des couverts végétaux qui font des fleurs pour apporter des ressources abeilles, c’est le cas du trèfle, de la moutarde, de phacélie.
La floraison se fera pendant l’automne et apportera une subsistance bienvenue pour les pollinisateurs.
Tous acteurs de la diversité des paysages
La diversification du bol alimentaire des abeilles peut se concrétiser par les aménagements du territoire qui sont réalisés par les agriculteurs et par les aménageurs.
Par aménagements, l’INRA suggère de travailler sur la création de diversité
- sur le bord des champs
- au niveau des haies
- aux lisières forestières
- à l’intérieur des parcelles
Tous ces aménagements vont structurer le paysage et ainsi apporter des ressources aux abeilles et aux autres pollinisateurs.
Hétérogénéité des paysages
Besoin de diversité dans les paysages, cette diversité a 2 facettes:
- la composition avec différents types de culture
- la configuration, c’est l’agencement spatial des éléments, les haies, les villages, les murets, les mares qui configurent le paysage.
L’hétérogénéité des paysages est importante pour les organismes qui vivent dedans: les fleurs et les insectes. Cette diversité a des effets différents si l’on s’intéresse à l’abeille sauvage ou à l’abeille domestique.
- Pour que l’abeille sauvage subsiste, il faut que la terre nue (lieu de ponte des abeilles sauvages) et les fleurs soient proches les unes des autres, car elles ont de petits espaces vitaux
- Pour que l’abeille domestique subsiste, il faut un espace de vie (une ruche), des ressources alimentaires considérables pour nourrir une population de 30.000 butineuses.
Le déclin des abeilles sauvages
L’été est une période tendue pour les réserves alimentaires des abeilles. Car des dizaines de milliers d’abeilles domestiques se retrouvent en compétition directe avec les abeilles sauvages sur les fleurs, la flore spontanée ou les plantes qui poussent dans les champs cultivés (messicoles).
L’INRA (l’Institut National de la Recherche Agronomique) ainsi que l’ITSAP (l’Institut de l’Abeille) ont comme opinion que cette compétition se traduit par un déclin des abeilles sauvages qui sont moins compétitives, plus petites, moins nombreuses par rapport à l’abeille domestique.
L’importance des abeilles sauvages
On a besoin d’une diversité de paysage pour les abeilles sauvages, car il en existe à peu près mille espèces en France qui sont indispensables à la survie de la flore spontanée, car l’abeille domestique ne politise pas l’ensemble de cette flore.
Lien entre activités humaines et milieux naturels
Nos milieux naturels et les sociétés humaines sont étroitement liés notamment grâce à
- La diversité de la faune
- L’abondance de la flore
- L’activité biologique naturelle
L’homme tire de très nombreux bénéfices des milieux naturels comme la nourriture, les ressources pour bâtir, se chauffer, agrémenter nos vies.
Et ces milieux naturels ont besoin de la pollinisation pour être préservés, pour continuer de se développer.
N’oublions pas que 80% des plantes à fleurs qui nous entourent sont pollinisés par les insectes et en particulier par les abeilles. Le service de pollinisation concerne l’ensemble des êtres vivants.
Qui sont les bénéficiaires de la pollinisation par les abeilles et les autres pollinisateurs ?
Nous tous, habitants, élus, enfants ! D’une manière directe ou indirecte, la pollinisation contribue au développement de nos vies.
Et vous, quels bénéfices tirez-vous de la pollinisation ? (Alimentation, loisirs dans un cadre naturel, profession, …)
Il y a interdépendance entre les systèmes naturels et les systèmes humains.
En créant un espace de dialogue entre tous les acteurs d’un territoire, au sein des communes et également en échangeant les savoirs et savoir-faire, cela peut nous permettre de se rendre compte des bénéfices que nous avons de nos espaces naturels.
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