En apiculture, le choix du bois de ruche est important car il influence directement la résistance de la ruche aux intempéries et sa capacité à aider la colonie d’abeilles à maintenir une température interne stable.
Dans cet article, je vous expose les problèmes que peut créer un mauvais bois et qu’elles sont les meilleures essences de bois pour vos ruches.
Pourquoi le choix du bois est crucial pour les ruches
Lorsque l’on commence l’apiculture, on souhaite que son matériel dure longtemps … très longtemps.
Une fois que l’on a acheté sa ruche, qu’on l’a préparé, qu’on l’a mis dans son rucher et ensuite que l’on a installé une colonie d’abeilles à l’intérieur, on ne veut pas que se dire qu’on doit changer la ruche quelques années après.
On souhaite que sa ruche dure une vingtaine d’années !
Car oui, une ruche avec le bon bois, de qualité et bien entretenue peut durer 20 ans (cf le livre « Être performant en apiculture » de Hubert Guerriat).
Un mauvais bois peut créer BEAUCOUP de problèmes pour votre pratique apicole
Il existe 21 essences de feuillus et de conifères (en France et en Europe) qui peuvent être utilisées pour la construction en bois : Acacia, Aulne, Cèdre, Charme, Châtaignier, Chêne, Douglas, Épicéa, Érable, Frêne, Hêtre, Mélèze, Mélèze de Sibérie, Merisier, Noyer, Peuplier, Pin Maritime, Pin Sylvestre, Platane, Poirier, et Tilleul.
On peut vite se perdre sur le choix du type de bois pour ses ruches !
Et pourtant, mal choisir le type de bois pour sa ruche peut avoir de graves conséquences et parfois, on ne peut même pas s’en rendre compte.
La ruche est vouée à passer TOUTE son existence à l’extérieur, elle va être livrée aux vents, au soleil, à la pluie, à la neige, à la grêle, …
Or, une ruche fabriquée avec une mauvaise essence de bois peut conduire à :
- une mauvaise durabilité : certains types de bois se dégradent plus rapidement que d’autres
- une isolation inadéquate : Des essences de bois ne permettent pas une bonne isolation, ou encore ils peuvent rendre difficile la vie d’une colonie qui a besoin d’un maintien du bon niveau de chaleur et d’humidité pour se développer correctement
- une sensibilité aux agents pathogènes : certains bois sont plus susceptibles de développer des moisissures et des champignons, qui peuvent compromettre la santé de la colonie d’abeille. Les bois qui ne résistent pas bien à l’humidité sont particulièrement vulnérables à ces agents pathogènes.
- une toxicité pour les abeilles : des bois peuvent contenir des substances naturellement toxiques pour les abeilles.
- une déformation du bois: Les bois qui absorbent l’humidité peuvent se déformer ou se fendre sous l’effet des variations climatiques. Cela peut compromettre la structure de la ruche et des entrées d’air peuvent perturber les bonnes conditions du développement d’une colonie d’abeilles
- un poids élevé : Le choix d’un bois particulièrement lourd peut rendre la manipulation des ruches plus difficile, surtout lors des inspections ou des récoltes de miel, ce qui peut augmenter le risque de blessures pour l’apiculteur. Le dos étant un allié très précieux pour l’apiculteur (tout comme ses yeux !)
Tandis qu’un bon bois peut faire durer loooooongtemps votre ruche
Après que je vous ai exposé la liste (interminable) des contrariétés qu’engendre le choix d’un mauvais bois pour vos ruches, je vais maintenant développer les bénéfices d’un bon bois.
D’abord, parlons longévité.
Une ruche faite avec du bois de qualité peut endurer le temps comme un vieux chêne. Imaginez ne pas avoir à vous soucier de remplacer votre ruche pendant 20 ans ou plus. Il y a des bois qui sont réputés pour leur résistance naturelle aux éléments et aux parasites du bois.
Ensuite l’isolation.
La température au sein de la ruche est cruciale pour la colonie d’abeille. En effet, la colonie a besoin de maintenir une température et un niveau d’humidité constants aussi bien pour élever le couvain que pour conserver ses réserves de nectar, pollen et miel. Un bois doté de bonnes propriétés isolantes garantit un microclimat stable.
Enfin, choisir un bois de haute qualité assure également la stabilité structurelle de la ruche au fil du temps.
Les variations climatiques entraînent des cycles de gonflement et de rétrécissement du bois, ce qui peut déformer les ruches fabriquées avec une essence de bois peu approprié. Un bois qui change de forme non seulement compromet l’intégrité structurelle de la ruche, mais peut aussi créer des ouvertures indésirables qui exposent les abeilles à des courants d’air froids ou humides.
Cela peut perturber l’équilibre thermique nécessaire au bon développement de la colonie. Cela signifie moins de maintenance, moins de réparations, et donc moins de temps au rucher !
Les caractéristiques d’un bon bois pour une ruche
Avant de vous parler des caractéristiques d’un bon bois, j’avais eu l’occasion de parler de la fabrication de ruches avec un ébeniste, Guillaume Le Penher. Dans cette interview nous avons évoqué la coupe et la transformation du bois et également la protection naturelle du bois avec l’huile de tung dont il est l’ambassadeur !
L’huile de tung colore à peine le support, ne fonce pas avec le temps et ne moisit pas contrairement à l’huile de lin. Les qualités imperméabilisantes de l’huile de Tung sont excellentes et protège durablement le bois.
Choisir le bon bois pour votre ruche est crucial, et plusieurs critères essentiels doivent être pris en compte pour garantir la longévité et l’efficacité de votre matériel apicole.
Tout d’abord, la résistance à l’humidité est primordiale. Le bois de votre ruche doit être capable de résister à la pluie et à l’humidité sans se détériorer en quelques années.
Ensuite, l’isolation thermique joue un rôle de maintien d’une température interne stable qui permet à la colonie de survivre aux variations climatiques. La colonie d’abeilles a en effet besoin d’un environnement stable qu’il fasse chaud ou froid à l’extérieur.
La bonne tenue dans le temps est également un critère à ne pas négliger. Il est important de choisir un bois qui peut être découpé et assemblé aisément, tout en maintenant sa forme et sa structure au fil des ans.
Enfin, opter pour un bois pas trop lourd est essentiel pour la maniabilité de la ruche. Il y a là un juste milieu à trouver car une ruche trop lourde peut s’avérer difficile à manipuler, surtout lors des inspections régulières et des récoltes de miel. D’un autre côté, une ruche trop légère, souvent résultat de parois fines, peut ne pas offrir l’isolation nécessaire pour maintenir une température interne stable pour la colonie.
En résumé, un bon bois pour une ruche doit résister à l’humidité, offrir une excellente isolation thermique, maintenir une bonne tenue structurelle dans le temps et ne pas être trop lourd. Ces critères garantissent une ruche durable, fonctionnelle et facile à manipuler.
Quel bois choisir pour une ruche ? Les essences les plus recommandées
Parmi les différentes options disponibles de bois pour une ruche, le pin maritime, le pin des Landes et l’épicéa se distinguent comme des choix populaires auprès des apiculteurs
Pin maritime : Il est très apprécié pour sa résilience, le pin maritime offre également une excellente résistance aux intempéries et aux infestations d’insectes. Ce type de bois a une bonne résistance à la pourriture.
Pin des Landes : ce bois provient principalement du sud-ouest de la France, le pin des Landes est reconnu pour sa robustesse et son coût abordable. Il a une texture uniforme et une bonne capacité à bien absorber les traitements de protection. Bien qu’il soit un peu plus lourd que le pin maritime, sa solidité assure une longévité appréciable.
Épicéa : L’épicéa, souvent choisi pour fabriquer les ruches de par son prix abordable et sa disponibilité. Il est léger et offre une bonne isolation thermique. Toutefois, il est moins résistant à l’humidité que les pins et nécessite alors un traitement plus prononcé que les pins.
L’épicea est mieux considéré que le pin. Il régule mieux l’humidité et est plus homogène dans son développement. Par contre il faut protéger ces essences.
Les essences de bois moins connues
Parmi les essences de bois utilisées pour la fabrication de ruches, certaines, moins courantes, méritent également d’être considérées pour leurs qualités uniques.
Le châtaignier, par exemple, est un excellent choix de bois traditionnellement utilisé pour les ruches des Cévennes. Ces ruches historiques peuvent atteindre plus de 100 ans d’âge, c’est un témoignage de la durabilité exceptionnelle de ce bois. Toutefois, le châtaignier est assez rare et peut être très lourd, mais il présente l’avantage de ne pas nécessiter de traitement pour le protéger.
Le mélèze, principalement trouvé dans les régions du Jura, des Vosges et de Savoie, est une autre essence robuste mais peu exploitée aujourd’hui. Sa production est par contre limitée.
Le sugi ou cryptoméria du Japon, bien que moins commun en Europe, est utilisé dans son pays d’origine (le Japon) pour ses propriétés résistantes et son aspect esthétique. Ce bois offre une alternative intéressante grâce à sa texture et sa durabilité.
Enfin, le cèdre est reconnu pour sa légèreté comparée au pin, ainsi que sa résistance naturelle aux parasites et à la pourriture. Il constitue une option de choix pour ceux qui recherchent un bois durable sans l’inconvénient de la lourdeur.
Ces bois, bien que moins répandus, offrent des alternatives de qualité pour la construction de ruches.
Ou acheter une ruche avec un bois particulier ?
Maintenant que vous avez un bon aperçu de l’ensemble des bois qui existent, et maintenant que vous savez quel type de bois vous voulez pour votre ruche, la question qui se pose est « où est-ce que je peux l’acheter ? » 🤔 et la réponse à cette question est … cela dépend du bois que vous avez choisi.
Où acheter un ruche avec le bois que je veux ?
En effet, les grandes boutiques d’apiculture (Icko, apiculture.net, groupement d’achat des syndicats apicoles …) proposent surtout des ruches avec des essences populaires comme le pin et l’épicéa. Si c’est le, type de bois que vous avez choisi, vous pouvez acheter votre ruche chez eux.
Par contre, si vous cherchez une essence mois commune, c’est du cas par cas.
Par exemple, pour acheter une ruche en cryptomeria, je ferai directement une recherche sur Google « ruche cryptomeria » afin de trouver les pourvoyeurs de ce type de ruche.
Les points à vérifier lors de votre achat d’une ruche
Voici une liste des points cruciaux à examiner attentivement dès que vous avez reçu votre ruche ou lorsque vous êtes en magasin.
- Vérification des façades et du fond de ruche : Inspectez chaque façade de la ruche pour vous assurer qu’elle n’est pas fissurée. Une fissure affecte l’isolation de la ruche.
- Assemblage des planches : Contrôlez si les planches sont correctement clouées ou vissées. Un assemblage inadéquat peut entraîner des problèmes de stabilité ou des ouvertures indésirables qui exposent les abeilles aux éléments et aux prédateurs.
- Fixation des éléments : Assurez-vous que tous les éléments de la ruche, comme la crémaillère et le fond de ruche sont bien fixés et stables.
- Alignement et ajustement : Vérifiez que tous les éléments de la ruche sont droits et correctement ajustés. Un mauvais alignement peut causer des difficultés lors de l’ouverture et de la fermeture de la ruche, ainsi que lors des inspections régulières.
- Test des dimensions : Essayez d’insérer un cadre dans la ruche pour vérifier si les dimensions internes sont correctes. Une dimension inappropriée peut rendre difficile l’entretien de la ruche et la gestion des cadres.
J’ai écrit un article spécifique sur les erreurs à ne pas faire lors de l’achat d’une ruche
Le meilleur bois pour ma ruche
Bien que le choix du bois soit important lors de l’achat d’une ruche, il est important de se rappeler qu’aucune essence de bois n’est parfaite. En tant qu’apiculteur, vous ne devez pas vous triturer le cerveau à la recherche du bois idéal. Il est vrai que certains types de bois peuvent améliorer la durabilité et le confort de la colonie d’abeilles, mais cela ne garantit pas à lui seul la qualité du miel.
De nombreux autres facteurs entrent en jeu dans la réussite de votre apiculture, comme l’emplacement de votre ruche, la gestion de la colonie et la maitrise des techniques apicoles de base.