J’ai aidé un ami à poser ses ruches sur le toit d’une église à Lyon

Un ami, qui a commencé l’apiculture de loisir la même année que moi, a eu l’idée d’installer ses ruches à Lyon sur le toit d’une église. On pratique l’apiculture différemment car il a choisit la ville, alors que j’ai choisi la basse montagne ? car mes ruches sont en Savoie.

A l’occasion du début de la nouvelle saison, en mars, il a souhaité installer une nouvelle ruche dans un de ses ruchers de Lyon qui se trouve en haut d’une église en plein coeur de Lyon. Son rucher comptait deux ruches, malheureusement les abeilles d’une de ses ruches sont mortes pendant l’hiver

Comment a t’il eu l’idée d’installer ses ruches à Lyon sur une église ?

L’installation d’un rucher sur un toit est une pratique répandue. Des hôtels, des entreprises, des écoles, des institutions et des églises sont parmi les lieux les plus fréquents, en ville, pour l’installation d’un rucher.

Mon ami a eu cette idée car il habite à Lyon, sur les hauteurs de la colline de Fourvière. Il souhaitait installer des ruches dans la ville pour pouvoir y accéder facilement. Il a donc discuter avec le curé de sa paroisse afin de lui présenter le projet et il été accepté.

Est-ce pratique d’avoir son rucher en ville ?

En prenant un peu de recul et également en échangeant avec plusieurs apiculteurs urbains, j’ai identifié les bons côtés et les mauvais côtés de ce type de rucher.

J’en profite pour vous inviter à écouter mon échange avec Marion, une apicultrice qui a installé ses ruches sur le toit de son atelier au centre ville du Havre.

Les avantages d’avoir ses ruches en ville

• La proximité immédiate des ruches: cela facilite la visite régulière, on peut réagir rapidement si les conditions météorologiques se dégradent: vent, neige.
• Le partage de la gestion de ses ruches avec d’autres apiculteurs de la même ville
• La création de liens: vous pouvez faire visiter vos ruches à votre entourage ou à l’entourage du propriétaire du lieu
• Absence de pesticides: depuis la loi Labbé, les collectivités territoriales, les établissements publics et l’Etat ne peuvent plus utiliser de pesticides pour l’entretien des parcs, espaces verts et lieux de promenade ouverts au public
• Les aménagements des villes permettent d’avoir une plus grande variété de ressources en nectar pour les abeilles

Et les inconvénients

• Il est primordial de veiller à la sécurité des habitants entourant le rucher (je vous invite à regarder cet article et notamment la partie Ce que dit la loi décrivant les aspects législatifs)
• Cela nécessite d’établir un contrat moral (ou écrit) clair entre l’apiculteur et le propriétaire du lieu du rucher
• Si vous avez plusieurs ruchers répartis dans la ville, il faut à chaque fois transporter le matériel
• Difficulté de stockage du matériel, de lieu de bricolage et d’extraction
• Prenez soin de vos relations avec votre voisinage
• Certains lieux sont difficilement accessibles: escaliers étroits comme ceux des églises, fermeture le weekend pour les institutions et établissements scolaires

Quels sont les effets de la pollution sur les abeilles et le miel ?

Avant d’installer un rucher en ville, il faut regarder son environnement industriel: est-ce qu’il y a des sites de production particulièrement polluant pour la flore et l’air ? Je pense par exemple aux raffineries d’hydrocarbures, industries de production d’acier et centrales électriques thermiques. Si c’est le cas: ne posez pas de ruches dans cette zone !

Outre ces grands pollueurs, il y a également les voitures qui émettent plusieurs gaz nocifs tel que le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote, les particules fines, les composés organiques volatils et le dioxyde de soufre (source: le site du senat Les nuisances environnementales de l’automobile). Les analyses ont détecté une présence moindre de traces de polluant dans le miel et dans la cire d’abeilles (source: la société centrale d’apiculture).

Vous pouvez donc installer des ruches sans danger pour les abeilles et consommer du miel de ville sans risque pour votre santé.

Conseils pour installer ses ruches en ville (Lyon ou ailleurs)

Afin de bien cadrer la relation entre l’apiculteur et le propriétaire du lieu où va se trouver votre rucher, je vous ai listé des bonnes pratiques

Etablir un contrat moral entre l’apiculteur et le propriétaire

Devoirs de l’apiculteur

Les abeilles sont des insectes dont l’apiculteur est l’éleveur. Il est responsable de son troupeau même s’il n’est pas propriétaire du lieu de son rucher. Il est toutefois possible pour l’apiculteur de faire signer une feuille de non responsabilité au propriétaire afin de protéger en cas d’accident. Ceci étant dit, je vous partage les devoirs de l’apiculteur dans le milieu urbain:

• Veiller à la sécurité des personnes habitantes ou passantes près du rucher: panneau d’information, création de barrières naturelles ou artificielles, orientation des ruches, sélection de la race
• Entretenir le rucher: enlever les feuilles mortes, branchages, neige. Le propriétaire peut fournir une aide et des outils.
• Choisir une sous-espèce d’abeilles douce (une Buckfast par exemple) afin de préserver des piqûres les personnes passant près de vos ruches.
• Payer son « loyer ». L’usage suggère que l’apiculteur donne 1kg de miel par an et par ruche au propriétaire du terrain ou du batiment.

Devoirs du propriétaire

• Fournir un accès au rucher: clés, pass, digicode
• Permettre le stockage du matériel d’apiculture à proximité du rucher
• Informer de tous les changements pouvant avoir un impact direct ou indirect sur les ruches (travaux de toiture, changement de propriétaire,)

Quid de la partie financière ?

Je vous expose les grands postes de dépenses. C’est ensuite à vous de cadrer qui paye quoi et à quelle récurrence, sachant que les pratiques varient beaucoup. Je suis dans l’incapacité de vous dire qui doit payer ceci, qui doit payer cela. Tout dépend de votre relation avec le propriétaire, ça dépend aussi du type de lieu (école, musée, église), de votre objectif en ayant ses ruches, de la difficulté d’accès, de la notoriété du lieu.

Voici la liste des postes de dépenses et recettes

• Les ruches: les socles, les ruches, les cadres, la cire gaufré, le nourissement, les hausses
• Les essaims ?
• L’équipement de l’apiculteur: enfumoir, combinaison, matériel d’extraction
• Les frais annexes: Les frais de déplacement (parking, essence)
• Les frais de santé: traitements contre le varroa
• Le miel: est-ce que l’apiculteur le garde pour lui ? est-ce qu’il est vendu ou donné au propriétaire ? C’est possible de faire un prorata
• Le travail au rucher: Facturer le temps passé sur les ruches chaque mois/trimestre
• L’entretien du rucher: Facturer le temps passé à entretenir aux alentours de la ruche chaque mois/trimestre

J’ai souhaité être le plus exhaustif possible. A vous de choisir suivant le lieu où va se trouver votre rucher. Le principe clé est d’être rigoureux sur le contrat moral et financier entre le propriétaire et vous. Ca me paraît normal de facturer une entreprise pour le matériel apicole et la gestion du rucher. Par contre, c’est délicat d’aller demander aux églises ou écoles de payer. Veillez à bien cadrer cette partie financière avant l’implémentation d’un rucher en ville, et n’hésitez pas à écrire et signer tous les deux vos engagements.

Installation des ruches sur l’église de Lyon

Voilà enfin le moment où je vous raconte les étapes de l’installation de la nouvelle ruche au dessus de l’église de Lyon

Préparation du terrain

La ruche qui allait être installée est une ruche Dadant 10 cadres. Elle est sanglée et de la mousse barre l’entrée de la ruche. Nous nous sommes donnés rendez vous à 6h30 samedi matin pour l’opération, les abeilles sont calmes à cette heure là.

Monter la ruche sur le toit

Et oui ! Il a fallu monter la ruche par l’extérieur car les escaliers de l’église sont trop petits pour monter la ruche. Nous avons utilisé une poutre, une poulie et des cordes afin de monter la ruche qui était sanglée. C’était délicat !

Et après l’installation ?

L’installation a duré moins de 20 minutes, de la sortie de la ruche du coffre de la voiture à son arrivée sur le toit de l’église. L’apiculteur qui gère ce rucher a ouvert la ruche à la fin de l’installation et il ne prévoit pas de nourrir la ruche car elle a des réserves suffisantes pour démarrer la saison. La première hausse sera posée dans 1 à 2 semaines, espérons-le !

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