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Voici la deuxième partie du résumé du film « Disparition des abeilles, la fin d’un mystère », nous allons découvrir ensemble les effets des pesticides sur les abeilles pour expliquer la mortalité exceptionnelle dans les ruches depuis les années 2000.
Dans la première partie du résumé, la piste étudiée pour expliquer la mortalité très importante des abeilles est le varroa. Dans cette deuxième partie, trois pistes sont étudiées.

Deuxième piste: L’effet sur les abeilles des pesticides utilisés en agriculture

Les semences enrobées

L’été 1997 reste gravé dans les mémoires avec la mort de milliers de colonies. Les apiculteurs ont fait le rapprochement entre la disparition des abeilles et l’utilisation de semences enrobées issues d’une nouvelle génération d’insecticides comme le Gaucho et le Régent.

En 7 ans, les apiculteurs français ont perdu 450 000 ruches !

Selon Maurice Coudouin, apiculteur professionnel, les produits d’enrobage de semence sont des neurotoxiques qui ont une longue durée de vie et qui ont la qualité de systémie, c’est à dire que les neurotoxiques pénètrent à l’intérieur de la plante et ainsi toute la plante diffuse ces neurotoxiques tout au long de sa vie.

Ce que réfute Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’union des industries de la protection des plantes (UIPP), il représente les firmes phytopharmaceutiques telles que Bayer, BaSF et Mosento. Voici ce qu’il déclare:

Les pesticides aujourd’hui autorisés et utilisés, en France, selon les conditions d’emploi ne présentent pas de risque pour les abeilles.

Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’UIPP

(Commentaire de ma part: cela aurait été étonnant qu’il dise le contraire ?)

Pour le vétérinaire Marc-Edouard Colin, chercheur à Supagro à Montpellier, le défi est de comprendre pourquoi dans certains cas, les abeilles ne rentrent pas à la ruche. Il a étudié le comportement des abeilles qui butinent sur des cultures biologiques et conventionnelles

 » On est loin de savoir comment la toxicité va s’exprimer quand l’exposition aux toxiques dure longtemps. L’exposition aux toxiques est aujourd’hui beaucoup plus importante chez l’abeille avec les produits insecticides systématiques qu’auparavant lorsque l’on traitait ponctuellement un champ lorsqu’il y avait un attaque de ravageurs »

Marc-Edouard Colin, chercheur à l’école supérieure de recherche en agriculture, alimentation et environnement de Montpellier.
Abeille lavande
Étude du comportement des abeilles sur un champ de lavandes

Les effets à long terme des pesticides

Certains pesticides auraient des effets à long terme sur les abeilles avec des mortalités 6 mois après le butinage et cela rend presque impossible de trouver la molécule coupable.

Je ne vois pas comment les pesticides qui sont capables d’altérer tous les écosystèmes et quasiment tous les organismes des écosystèmes peuvent ne pas altérer l’abeille ? »

Docteur Luc Belzunces, directeur de recherche à l’INRA au laboratoire de toxicité gouvernementale

L’effet du mélange de pesticides pour les abeilles

Certains produits, lorsqu’ils sont utilisés seuls, ne peuvent pas induire d’effets sur l’abeille, mais lorsqu’ils sont utilisés associés avec d’autres produits cela provoquait de très fortes mortalités en moins de 24 heures.

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Le danger pour les abeilles est lorsque plusieurs pesticides sont mélangés. La question qui se pose est: est-ce que ce mélange peut se faire à l’insu de l’agriculteur, dans son champ, en raison de la persistance des produits chimiques dans le temps ?

Pesticides abeilles
Un agriculteur épand un pesticide sur son champ

Pour Jean-Marc Bonmatin, chercheur de biophysique moléculaire au CNRS d’Orléans, les insecticides sont persistants, ils peuvent rester de 3 mois à 1 an dans les cultures. Du coup la dose appliquée l’année suivante s’ajoutera à la dose appliquée l’année antérieure. C’est ainsi qu’il y a des mélanges d’insecticides.

Tout au long de la croissance d’une plante, herbicides, fongicides et insecticides sont tour à tour utilisés.

En 2006, 80.000 tonnes de pesticides sont répandues en France

 » Il y a donc dans le sol est au cœur des plantes des produits parfaitement autorisé et utilisé correctement mais qui produisent les mélanges interdit par les firmes elle-même »

Natacha Calestrémé, réalisatrice du film

Homologation des produits phytosanitaires

Lors de l’homologation de produits phytosanitaires, des tests sont effectués pour vérifier la toxicité sur l’abeille . L’inconvénient est que les procédures de test sur l’abeille datent d’il y a 50 ans et ne sont plus appropriées aux nouveaux types d’insecticides d’après Marc-Edouard Colin, chercheur à Supagro. Le docteur Luc Belzunces, directeur de recherche à l’INRA, enrichit en indiquant qu’en l’état actuel il n’est pas possible dans un dossier d’homologation de vérifier tous les effets possibles que peuvent entraîner les molécules mises sur le marché.

Le danger des pesticides sur les abeilles est double:

  1. Il met en danger l’abeille adulte qui peut mourir intoxiqué
  2. Il met également en danger les larves de la ruche lorsque du pollen contenant des pesticides est rapporté à la ruche
Champ abeilles pesticides
Combien de pesticides résiduels contient ce champ ?

Troisième piste: Les OGM et la monoculture

Le danger des OGM est que certains sont porteurs de leur propre insecticide et que les doses contenues peuvent être beaucoup plus importantes que les doses qui sont normalement répandues par épandage sur les champs. La culture des OGM rejoint également une autre méthode agricole qu’est la monoculture.

Le docteur Hans H. Kaatz, zoologiste allemand, met en évidence le danger, dans le futur, de minimiser le nombre de variété de plantes. Ce point de vue est rejoint par Serge Gadoum, entomoligiste (spécialiste des insectes), qui pointe du doigt le désert de fleurs pour les pollinisateurs.

Monoculture abeilles
Pas une fleur sur ces champs de blé, les pollinisateurs devront se nourrir ailleurs

L’agriculture intensive a un impact directe sur les abeilles et les pollinisateurs sauvages. La monoculture réduit la diversité des plantes, car on concentre un type de culture sur un lieu donné, vous trouvez ainsi d’immenses parcelles avec uniquement du blé ou du colza ou du tournesol. Il y a très peu de variété alimentaire pour les pollinisateurs.

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Transhumance et location de ruches

De nos jours, des agriculteurs et arboriculteurs louent des ruches à des apiculteurs professionnels pour polliniser leurs champs et leurs arbres.

Transport ruches
Transport de ruches en camion

L’INRA à mesurer que 80% des végétaux disparaitraient en l’absence de pollinisateurs. Cela représente un chiffre d’affaires mondial de 153 milliards de dollars pour l’agriculture (en 2008).

Les abeilles d’une ruche fécondent 35 millions de fleurs par jour

Sans les abeilles, pas de fécondation des fleurs donc pas de fruits ni de légumes. Mais également, le transport du pollen d’une fleur à l’autre permet une dispersion génétique et un brassage des gènes des végétaux. Cette diversité florale est indispensable pour l’abeille.

Les abeilles ont besoin d’une alimentation variée et vierge de pesticides

Voyage aux États-Unis pour comprendre l’effet des pesticides sur les abeilles

La réalisatrice interview David Hackenberg, un apiculteur professionnel en Pennsylvanie (Etats Unis d’Amérique) qui possède 2.000 ruches. Il loue ses ruches à des fermiers de la côte Est. C’est le premier apiculteur américain à avoir alerté les pouvoirs publics sur le syndrome d’effondrement des colonies, également appelé CCD en anglais « Colony Collapse Disorder ».

David Hackenberg ne se questionne pas sur sa pratique, mais sur les lieux sur lesquels il pose sur ruches.

Première piste aux Etats-Unis: la paralysie israélienne

En 2007, les équipes du ministère américain de l’agriculture ont trouvé comme première explication à la mortalité des abeilles un virus. Ils ont trouvé que de nombreux cas de colonies étaient atteintes du syndrome de la paralysie israélienne: les abeilles avaient attrapé la grippe.

Toutefois, en continuant leurs recherches sur ce qu’ils pensaient être la cause du syndrome d’effondrement des colonies, les chercheurs américains ont découvert que le virus était une conséquence de quelque chose d’autre qui affecte la colonie.

Deuxième piste américaine: La noséma céranaé

La seconde piste suivie a été la maladie du nosema, nosema céranaé (Nosémose), c’est un champignon qui se développe dans les intestins de l’abeille. Mais là aussi, cette piste n’a pas suffi à expliquer le syndrome d’effondrement des colonies, car les colonies atteintes de cet effondrement n’étaient pas, pour la plupart, atteinte de nosema.

Troisième piste étudiée par les Américains: l’effet des pesticides sur les abeilles

La troisième piste est l’étude de l’impact des pesticides sur les abeilles. Les recherches portent sur les néonicotinoïdes et les effets combinés de plusieurs pesticides sur les abeilles: les interactions entre pesticides et fongicides ont été observées.

On en revient à ce qui a été évoqué avant par les chercheurs et apiculteurs français: le mélange de produits chimiques est une cause fortement probable du syndrome d’effondrement des colonies.

Location de ruches et nourrissement des abeilles aux Etats Unis d’Amérique

Les agriculteurs américains ont vu le prix de location des ruches énormément augmenter, car ils se rendent compte de l’importance pollinisatrice des abeilles et du lien entre la pollinisation et hausse de leur production agricole. Malheureusement, les abeilles sauvages ne sont pas assez nombreuses pour pouvoir faire cette pollinisation seule.

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Si on n’avait pas les abeilles, nous ne mangerions que du riz, du blé, du maïs et quelques autres plantes.

Nourrissement des abeilles: L’apiculteur professionnel américain, David Hackenberg, nourrit ses abeilles avec des compléments alimentaires constitués d’un mélange de sucre, levure, poudre d’oeufs, vitamines, d’huile de colza et de miel. Cela permet d’obtenir un pain de protéines qui nourrit les abeilles, car il se rend compte que certains champs dans lesquels il installe ses ruches ne permettent pas aux abeilles de se nourrir suffisamment.

Fabrication nourriture abeilles
Cocktail d’aliments pour fabriquer un nourrissement

Le nourrissement en France

Les abeilles sont nourries en France de sirop de sucre ou de mélasse de maïs qui contiennent parfois des traces de produits chimiques.

D’autres apiculteurs réservent une partie du miel de chaque ruche pour les abeilles afin qu’elles aient suffisamment de provision pendant l’hiver.

Quatrième piste: Les ondes électromagnétiques comme cause du syndrome d’effondrement des colonies ?

On ne sait pas encore si les ondes ont des effets sur les abeilles. Les abeilles ont dans leur corps une particule de magnétite présente dans leur abdomen qui leur permet de retrouver leur ruche au millimètre près. Il est probable que les abeilles soient perturbées par les ondes émises lorsqu’elles se déplacent ou qu’elles retournent à la ruche

Il n’y a pas eu de recherches sérieuses sur ce sujet.

Orientation abeilles ondes
Les ondes pourraient perturber l’orientation des abeilles

Conclusion

La mortalité des abeilles se voient sous deux formes:

  • Une forme radicale avec un tapis d’abeilles mortes, cette mort est due à un épandage de pesticides au moment où les abeilles butinent
  • Une forme lente à cause des semences enrobés qui intoxiquent les abeilles et qui ne reviennent pas à la ruche.

Si le film vous intéresse, il est disponible gratuitement sur Youtube et dure 51 minutes. La deuxième partie du film, c’est à dire l’interview de la réalisatrice, n’est pas inclus dans cette vidéo.

Mon avis sur le film

Ce film m’a permis de bien mieux comprendre les grandes pistes pouvant expliquer l’effondrement des colonies depuis les années 2000. Je pense que ce syndrome est la combinaison de plusieurs éléments: des pesticides persistants et qui en se mélangeant entre eux fragilisent durablement les colonies, à cela s’ajoute le varroa qui affecte l’intérieur des ruches, les monocultures conduisent à un appauvrissement de l’alimentation des abeilles et enfin les ondes (téléphone, radio, Wifi, internet avec la 3G/4G/5G) perturbent l’orientation des abeilles.

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce phénomène d’effondrement des colonies, je vous conseille cet article du site jardiner autrement

« Si l’abeille disparaissait, c’est l’humanité qui l’accompagnerait » Natacha Calestrémé

Je vous recommande ce film, car il donne une vision large de ce qui affecte directement les abeilles. Pourvu que ce film arrive à convaincre chacun d’entre nous de nous poser des questions sur notre alimentation, nos modes de communication et sur les impacts de l’accélération des échanges commerciaux mondiaux (varroa, frelon asiatique, frelon asiatique géant). Les abeilles sont nos éclaireuses, ce qui les affecte actuellement nous affectera dans les années à venir.

Et vous, quel geste faites-vous /pouvez-vous faire pour aider les abeilles et pollinisateurs à ne pas disparaître ?


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