Je vous partage une réflexion vis-à-vis de l’apiculture: je pense que l’apiculteur peut être à la fois un allié pour les abeilles tout en étant également la cause d’un réel préjudice vis-à-vis d’elles.
Le rôle de l’apiculteur dans la ruche
Je vous propose dans un premier temps de définir le rôle actuel de l’apiculteur avec ses ruches.
Fabriquer et maintenir l’état de la ruche
Il n’y a pas d’apiculture s’il n’y a pas d’espace de vie créé pour les abeilles. En effet, comme je l’explique dans cet article qui explique ce qu’est l’apiculture, je la définis comme étant l’art d’élever et de soigner les abeilles en vue d’obtenir de leur travail dirigé le miel, la cire et les autres produits du rucher.
Grâce à cet espace de vie qu’est la ruche, l’apiculteur a un espace de travail. Il veille a créer à ses abeilles un espace de vie agréable, proche de sa condition de vie naturelle tout en étant également pratique à manipuler et déplacer.
Veiller à la bonne santé de ses abeilles
La gestion de l’état sanitaire de ses abeilles est un rôle de plus en plus important pour les apiculteurs actuels. Incontestablement, les abeilles font face à un grand nombre de maladies qui les menacent comme
- le varroa destructor: un acarien de 2mm. Ce parasite est une sorte de tique qui perce le corps de l’abeille pour en aspirer les corps gras de l’abeille, fragilisant ainsi son état de santé
- la maladie noire: une maladie virale qui affecte le système nerveux des abeilles
- les pesticides et produits phytosanitaires et néonicotinoïdes. Ils affectent les colonies, bien qu’il soit difficile de tracer avec rigueur les types (ou cocktail) de molécules qui affectent les abeilles
Il en existe bien d’autres malheureusement.
Nourrir les ruches au besoin
Si les apports en nourriture (pollen et nectar) sont rares à certains moments de l’année, l’apiculteur peut être amené à nourrir ses ruches. A cet effet, il existe le nourrissement liquide, de l’eau mélangé avec du sucre, ou un nourrissement solide, une « brique » de sucre, pour pallier au manque de nourriture dans ses ruches.
Tirer du fruit de ses ruches
Un autre rôle de l’apiculteur, notamment de l’apiculteur professionnel, est de tirer profits de ses ruches. Ce profit passe notamment par la vente de
- miel
- pollen
- gelée royale
- cire
- essaim d’abeilles
Et si il n’y avait pas d’apiculteur ?
La question mérite d’être posée. Et si personne ne s’occupait des abeilles ? Comme pour les guêpes, les frelons ou les bourdons qui ne sont pas des insectes d’élevage, imaginons un monde sans apiculteur.
Développement des colonies
La population d’abeille, du fait de l’essaimage qui est une division en deux d’un essaim d’abeilles, continuera de se développer. Toutefois ce développement ne sera pas controlé par l’Homme mais plutôt se fera naturellement donc très sûrement plus lentement.
Gestion des maladies
Si les apiculteurs arrêtaient de s’occuper aujourd’hui de l’état de santé des abeilles, elles connaîtraient une mortalité très très élevée du fait notamment du varroa qui infeste toutes les abeilles mellifères qu’elles sont dans une ruche ou dans la nature. Cet acarien continuera de se répandre allègrement. Ce qui n’est pas une bonne cause. Tandis qu’aujourd’hui, les apiculteurs traitent contre cet acarien avec des produits naturels ou de synthèse.
Pas de provision, pas de survie !
Et oui, c’est la dure loi de la nature. Si un essaim d’abeilles manque de nourriture et bien il n’aura pas d’autres choix que de mourir.
Protection contre les prédateurs
Les frelons asiatiques, qui ne cessent de se répandre en France et dans le monde, pourront continuer d’exercer une pression sur les essaims d’abeilles. Ils seront moins gênés par les pièges et autres astuces qu’utilisent les apiculteurs pour éloigner les frelons asiatiques et pour diminuer leur nombre
Pas de retour de la part des sentinelles de notre environnement
Les abeilles sont citées comme étant des éclaireuses de l’environnement car la moindre variation de climat, ressources alimentaires ou utilisation de produits de synthèse a un effet rapide et visible sur les chères abeilles. Ce sont elles qui nous disent, avec un temps d’avance, l’évolution de l’état de notre nature.
Du coup, s’il n’y a plus d’apiculteur, il n’y a plus d’observateur de ce qui se passe dans la ruche. Nous perdons alors un précieux « instrument de mesure » sur l’évolution de notre environnement.
Le rôle de l’apiculteur, entre bénéfices et préjudices
L’apiculture: un éveil à la nature
L’apiculture est un lien pour beaucoup d’entre nous, un lien qui unit la nature et l’homme. Sans l’activité pollinisatrice des abeilles (domestiques et sauvages) nous perdons une très grande majorité de nos ressources alimentaires dépendant de la fécondation des fleurs
Contraindre la nature
On peut critiquer pareillement l’apiculture comme une activité contraignant la nature. Le changement de reine, comme sur cette vidéo, le nourrissement par des produits de substitution, la division des ruches, la récolte du miel, le traitement avec des produits contre les maladies de l’abeilles peuvent être perçues comme des contraintes à l’égard des abeilles.
Avons-nous seulement la réponse à ces questions ?
Pouvons-nous vraiment savoir si ce que nous, apiculteurs, causons aux abeilles ?
Pouvons-nous connaître avec certitude, la portée de nos actions lorsque nous agissons sur nos ruches ?
Je pense que oui. L’Homme a, par nature, une vision courte. Il essaye de réparer rapidement des problèmes sans voir si ces problèmes pourront aggraver la situation dans les prochaines années. Ce fut le cas par exemple avec un traitement contre le varroa, un antipuce pour chiens, qui était recommandé dans les années 1980 et qui aujourd’hui est interdit d’utilisation pour traiter contre ce terrible nuisible.
Oui, l’action de l’homme a un impact négatif sur nos abeilles. Prenons l’exemple le varroa est s’est répandu par l’action d’apiculteurs qui voulaient utiliser une race d’abeilles qui étaient les porteuses naturelles de cet acarien. Ou encore avec le frelon asiatique a été accidentellement transporté jusqu’en France dans un conteneur qui est arrivé dans le sud ouest de la France.
Malgré tout, je crois profondément que l’apiculture, si elle est pratiquée avec rigueur, réflexion et sérieux, peut être utile à notre monde. Elle peut mieux nous faire connaître notre nature et les interactions entre les insectes et les plantes. Elle peut également continuer d’éveiller les consciences sur l’importance des pollinisateurs sur notre alimentation et sur la diversité de notre flore.
Continuons d’améliorer notre manière de faire avec nos abeilles !
J’aime beaucoup cet article, ça nous fait nous mettre à la place des petites abeilles. Je me rendais pas compte qu’elles avaient besoin d’être soignées et même nourries parfois, et que les apiculteurs les aidaient à se protéger.
Oui les abeilles ont (hélas) besoin d’être nourries à certains moments de l’année et selon des contextes météo particuliers.
C’est comme les poules, les vaches, des moutons. Ils ont besoin d’avoir des ressources alimentaires autant que possible naturelles. Par contre dès lors qu’il y a un manque de ressource, nous devons palier à ce manque en nourrissant les abeilles.
Merci pour cet article qui questionne ! Je n’ai pas personnellement de ruche mais adorant le miel, j’avoue avoir étudié la question d’installer des ruches dans le jardin. Bon après la première image est tellement impressionnante que je crois que je continuerais à l’acheter au magasin ^^
Ah ah 😂 C’est vrai qu’il faut parfois avoir du sang froid lorsque les abeilles sont agressives.
Bonjour,
Mon mari a eu envie de se lancer il y a quelques années plus pour avoir quelques abeilles pour polliniser les plantations et simplement pour le plaisir. il a choisi de faire des ruches Warré et des ruches kényanes naturelles et sans prosuits toxiques ni rien. l’idée était de leur laisser leur miel pour se nourrir sans les déranger pour prélever ou en tout cas le moins possible. Malheureusement, elles n’ont pas survécu à la succession sécheresse, froid et frelons asiatiques… On espère pourvoir récupérer bientôt quelques essaims.
Merci pour tes conseils, il n’y a plus qu’à…
Ah dommage !! Bon courage pour persévérer dans l’apiculture. N’hésitez pas à faire signe à des apiculteurs du coin afin qu’ils vous donnent un essaim ou s’ils en voient un, qu’ils vous fassent signe 😉
Bravo Guillaume, très bel article ! J’ai éliminé le varroa en plaçant une plaque de cuivre devant l’entrée des ruches. Je n’enfume pas mais pulvérise du miel mélangé d’eau pour éviter la surconsommation de miel par les abeilles (en enfumant, elles imaginent qu’il y a le feu, elles paniquent et se gorgent de miel. 40000 abeilles, ça fait un kilo de miel à chaque ouverture !!).
Merci de rendre publique cette belle aventure !
Merci Corine, j’avais déja essayé la plaque de cuivre et les aimants également sur mes ruches. Je n’ai pas fait des tests très poussés.
Belle article, et pour ma part il faut encore plus d’apiculteurs et faire connaître ce métier de passionnés qui je le pense fait d’avantage du bien que du mal. Les bêtises faites à l’encontre de la nature sont loin d’être l’apanage de l’apiculture !! On manque de miel français donc merci 😉
Hélas oui, beaucoup d’apiculteurs essayent de rendre compte aux autres de leurs observations et des mutations profondes que connait notre flore. Nous sommes bien peu entendus. Heureusement que nous pouvons le partager avec le blogging 😉
Merci pour cet article qui nous questionne sur les actions de l’homme sur la planète. Les débats et points de vues sont très intéressants.
Merci Sébastien 😉
La première image est impressionnante ! 😅
En effet l’Homme veut toujours s’emparer de tout et parfois sans se soucier des autres éspèces. Le tout est de trouver le juste milieu pour les aider sans avoir d’impact négatif sur leur environnement. Merci pour cet article ! 😁
Oui c’est une sacrée image ! L’apiculteur se fait littéralement agressé par les abeilles.
Je suis d’accord avec vous, tout est une histoire de milieu 😉
Merci pour ton article Guillaume ! J’imagine que c’est comme pour tout, une question d’équilibre… Si on préserve la nature pour que des abeilles sauvages puissent vivre bien, tout en pratiquant l’apiculture à côté, on maintient assez d’abeilles pour qu’elles puissent faire leur travail indispensable de pollinisation.
Je pense profondément que l’apiculture telle que nous la connaissons aujourd’hui est une porte ouverte vers le monde des pollinisateurs. Les abeilles domestiques sont une très (très) petite partie des pollinisateurs, mais par l’observation de leur mode de vie, cela nous donne un aperçu (merveilleux) de la famille des pollinisateurs.
Excellent article Guillaume comme toujours ! Effectivement, l’apiculteur peut avoir un impact négatif sur les abeilles, mais on peut dire qu’il essaye également de préserver ces insectes qui sont les garants de l’équilibre d’un écosystème bien plus grand que l’être humain. J’aime beaucoup ton point de vue et ta vision des choses.
Merci beaucoup Pierre 😘
En effet, le rôle de l’apiculteur se trouve a mi chemin entre la préservation et l’intervention.
L’apiculteur est celui qui essaye de montrer, rendre compte aux autres de l’importance de la pollinisation et du mal être que nos pollinisateurs peuvent vivre lorsque nous appauvrissons leurs ressources, nous redessinons les paysages pour qu’il convienne à l’homme et à l’homme seulement.
L’abeille est l’éclaireuse de notre environnement, l’apiculteur apporte le message de l’éclaireuse et essaye de le faire comprendre à ceux qui l’entourent