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Dans cette épisode, j’accueille Samuel Boucher, 59 ans, il est vétérinaire spécialisé en apiculture et également apiculteur.
Il est membre d’une commission vétérinaire apicole et surtout il est l’auteur du livre de référence « Maladies des abeilles » dans lequel il présente l’ensemble des maladies existantes en apiculture. Il s’y connaît très, très bien et Samuel va nous en dire plus dans ce podcast.
En préambule
Les apiculteurs avec qui j’ai eu le plaisir de discuter ont parfois des objectifs et des pratiques apicoles très différents. Vous allez découvrir leur histoire, leur passion pour les abeilles et leurs techniques.
Toutes les autres interviews sont disponibles sur cette page
Chaque apiculteur a ses petits secrets, ses petits trucs et nous avons la chance qu’ils nous les partagent !
Bonne écoute et bonne immersion dans leur passion
Retranscription de l’interview avec Samuel Boucher (en cours)
Guillaume: Bonjour Samuel,
Samuel Boucher : Bonjour Guillaume,
Guillaume: merci beaucoup pour votre temps et d’avoir réservé ce créneau. Est-ce que vous pouvez commencer par vous présenter, pour ceux qui ne vous connaissent pas
Samuel Boucher : oui pas de souci alors je vais me présenter. Je suis vétérinaire à la base. Mon parcours en apiculture s’est fait à l’école vétérinaire, en 1991 en compagnie de Monique Loss qui était professeur de parasitologie, elle est retraitée maintenant et Monique avait un petit rucher sur l’école vétérinaire de Nantes et elle y emmenait les étudiants qui avaient envie de de faire connaissance avec cette espèce.
Donc c’est comme ça que je suis tombée dedans. Ensuite, j’ai été diplômé, j’ai fait pas mal de remplacement. Et puis je me suis installée en Vendée et là, j’ai eu l’opportunité d’avoir mes premières ruches. Donc j’ai rencontré un apiculteur qui m’a vendu ma première colonie. Euh, ça a démarré mal. La première colonie, je l’ai gardé une année parce que comme tout amateur qui était pas très bien formé, forcément, j’ai pas réussi à l’élever correctement.
En tout cas, ça m’a plu beaucoup. Et après ce premier épisode malheureux, j’ai évidemment progressé et en 1998 la D S V. Ce qu’on appelle aujourd’hui la D D P P. La D S V de Vendée est venue me trouver pour, entre guillemets, légaliser la distribution du médicament à cette époque là, les médicaments pour les abeilles étaient souvent distribués par les D D P P, ce qui est pas du tout ni logique ni légal.
Voilà, il y avait des organisations qui le faisaient à sa place. Et puis la Vendée voulait être un peu exemplaire, donc avec le G D S de la Vendée on on a mis en place le programme sanitaire voulu pour les abeilles et j’ai géré la pharmacie du G D S à cette époque là, comme il devait se faire normalement j’ai rencontré des apiculteurs, j’ai pu discuter avec pas mal de gens.
C’était l’époque des grandes intoxications, le Gaucho, etc… Donc j’ai connu cette époque là par le petit bout de la lorgnette en fait où les gens étaient affolés un petit peu avec ces ces néonicotinoïdes qui apparaissaient sur le territoire et en Vendée on a beaucoup de culture donc on était très touché.
Je faisais mon travail de vétérinaire dans une association ou une grosse structure on est une vingtaine de de d’associés et donc petit à petit mes associés m’entendaient parler des abeilles et puis je leur demandais du temps pour aller me former ils étaient pas tout à fait d’accord parce que je trouvais que l’abeille c’était bien gentil mais que c’était pas une chose rentable.
Alors ils sont revenus dessus depuis, , Ils ont changé un petit peu d’état d’esprit.
Donc, en 2013, ils ont finalement accepté que j’aille me former à l’école vétérinaire de Nantes et et l’école vétérinaire d’Alfort. Donc je me suis formé. Et puis j’ai été faire des stages des apiculteurs. Et puis à cette époque, je connaissais des professionnels.
J’intervenais pas forcément chez eux. Et cette nouvelle formation m’a permis d’avoir un un langage peut-être un petit peu plus professionnel avec eux. J’aime beaucoup partager, je fais beaucoup de conférences, j’écris des livres, des articles, autant de vulgarisation que scientifique sur les abeilles et leurs maladies. Donc tout s’est fait logiquement, en 2016, j’ai sorti mon premier livre « Maladie des abeilleés. Et puis, on en est à sa troisième édition.
On a même fait un abrégé pour qu’il y a une version un petit peu moins chère et puis en 2018 je suis rentré dans OMAA, la région, pays de Loire était une des trois régions pilotes pour expérimenter OMAA en 2018 et ça a duré plusieurs années et cela marche encore aujourd’hui.
OMAA, c’est un observatoire des mortalités des affaiblissements de l’abeille domestique. C’est une organisation qui met en relation des vétérinaires qui sont formés pour justement recueillir les doléances des apiculteurs en matière de maladie et ensuite éventuellement aller les aider par ce qu’on appelle une investigation, aller chez eux et essayer de mener l’enquête avec eux pour pour les aider à résoudre le problème de mortalité ou d’affaiblissement. Donc ça permet de rencontrer beaucoup, beaucoup de gens. C’est très intéressant. On a à la fois des professionnels qui ont 2.000-3.000 ruches et puis des amateurs qui ont une colonie. Donc c’est un public varié. Il faut faire parfois le grand écart dans les discours.
La suite de la retranscription est à faire
tout. Et c’est passionnant. petit à petit voilà, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Donc c’est par tous ces biais là, finalement, que je me suis vraiment mis à fond dans l’apiculture qui représente aujourd’hui à peu près vingt pour cent de mon temps de travail. Donc c’est pas négligeable hein pour une structure vétérinaire. Et puis ensuite, je suis devenu président de la commission apicole de la S N G T V. La S N G T V. C’est une société nationale des groupements techniques vétérinaires. C’est une société qui fait de la formation et qui s’interroge sur des problèmes liés à notre métier de vétérinaire. C’est c’est pas un syndicat, c’est une société technique.
On va dire elle s’intéresse aux problèmes techniques de nos métiers et donc il y a une commission qui s’intéresse à l’abeille et je la préside. Donc on est un petit nombre de vétérinaires apicoles, on travaille sur différents sujets et par ce biais là. Ben je suis amené aussi à une relation un petit peu politique notamment avec la D G A L avec qui on entretient de bons rapports.
On parle souvent abeille et pathologie,
mais également des instituts comme l’Institut technique, la D G L. La
Direction générale de l’alimentation,
c’est une branche du ministère de l’Agriculture. On
va dire qui qui s’occupe des abeilles L’anses, l’organisme de recherche L’iap, l’Inra, différents organismes
techniquesou même des syndicats, hein, qui tous s’intéressent aux abeilles.
On se retrouve dans des réunions nationales. C’est très intéressant d’avoir le point de vue de chacun.
Track 1: M.
squadcaster-a51j_1_03-19-2024_130352: Moi, ça me nourrit en tout cas. Et puis euh, il y a quatre ans, je suis devenu formateur dans une petite école modeste, là où je travaille aux Herbiers, qui a organisé un cours supérieur d’apiculture destiné aux jeunes apiculteurs qui veulent en faire leur métier.
Donc pendant une année, ils viennent en formation. Il y a beaucoup de stage, c’est sous forme d’apprentissage. Et moi, je j’assure beaucoup d’heures à peu près quatre vingt heures en formation sur la biologie, la pathologie et la sélection des abeilles. Voilà mon parcours, c’est un peu long.
Track 1: et vous avez dit que vous avez connu l’abeille en c’était Quatre-vingt-onze ou Quatre-vingt? Quinze quatre vingt onze c’est ça
squadcaster-a51j_1_03-19-2024_130352: en quatre-vingt-onze
à l’école vétérinaire. J’étais encore
Track 1: Et qu’est ce qui vous a amené au enfin est-ce que c’est? Vous en avez déjà entendu parler auparavant? Comment ça se fait que vous? Enfin particulièrement?
L’apiculture vous a intéressé?
squadcaster-a51j_1_03-19-2024_130352: non, c’est vrai, c’est vraiment quand j’ai rencontré Monique Loss, ce professeur de parasitologie qui, elle, est passionnée d’abeilles depuis longtemps. moi, je ne connaissais pas du tout l’abeille, je connaissais le miel, c’est tout, Comme beaucoup de personnes et à l’école vétérinaire, on est là pour découvrir des tas de choses, hein. De la chirurgie, des parasites, tout ce qu’on veut et Et évidemment cette petite option possible d’aller voir un peu ce qui était l’apiculture m’a intéressé,
c’est par Monique, finalement, que j’ai rencontré l’abeille et on s’est plus quitté avec
l’abeille.
Track 1: impressionnant et donc vous avez commencé en quatre vingt onze sans formation, en particulier est-ce que vous avez fait du tutorat avec une personne ou est-ce que vous avez fait un rucher école.
Samuel Boucher -: j’ai pas fait de rucher école à part peut-être, celui de l’école vétérinaire.
Mais euh non, j’ai. J’ai rencontré en effet plein de personnes intéressantes qui m’ont ouvert les portes de leur exploitation. l’apiculture. La pathologie bah, je l’ai étudié à l’école, et puis après, dès qu’on fait du terrain, on se confronte à cette pathologie et on voit à quoi elle ressemble vraiment aux sorties des bouquins.
Ah, c’est comme ça que ça s’est fait. Tout. Tout se construit petit à petit, mais c’est vrai aussi dans le reste de mon métier. enon a des connaissances vétérinaires et puis on rencontre des éleveurs qu’ils soient d’abeilles ou d’autres animaux
et c’est la discussion qui fait que on s’enrichit les uns et les autres de du savoir de chacun quoi
Guillaume: m. Ouais, c’est sûr, et déjà, je pensais qu’on était qu’à la deuxième édition de la santé de la veille, je ne sais pas que la troisième édition, date de quand c’est tout récent
Samuel Boucher -: faudrait il faudrait que je regarde mais euh mais ou ils impriment très peu de bouquins
oui plus vite, je ne sais pas. Donc oui on est à la troisième. Je corrige les dernières épreuves de la troisième qui devrait rendre ma copie à la fin de l’été
et donc il sortira dans l’année prochaine quoi
tout va bien
Guillaume: Et oui donc c’est pour ça que j’ai vu que deuxième parce que au début, pour l’apiculture avant, l’aspect sanitaire est importé, enfin importé pas autant qu’aujourd’hui. Avant il y avait toute la partie technique en disant par rapport à la ruche en tant que telle. Et là il y a ce deuxième volet qui est ce deuxième pilier qui est tout aussi important sur la santé de l’abeille.
Et est ce que vous pouvez nous dr un peu un panorama sur l’ensemble des des maladies qui peuvent exister par rapport à l’abeille, aussi bien les maladies du couvain que les maladies de l’abeille adulte.
Samuel Boucher -: alors toutes les répertoriées, Ça, ça serait fastidieux. Il y en a beaucoup, beaucoup, mais les principales. Je crois que en en premier lieu, on peut parler de la varroose. Tout le monde connaît cette maladie là.
M
Euh. bah c’est une parasitose hein qui est due à à varroa destructor qui va jusqu’à présent on disait pomper l’hémolymphe l’équivalent du sang des abeilles et donc l’affaiblir.
Aujourd’hui on se rend compte que non seulement il fait ça, mais il mange aussi ces corps adipeux qui lui servent pour l’immunité pour regarder de l’énergie et cetera. Donc en fait c’est un parasite extrêmement bien adapté. Euh il vient d’Asie et et pour l’instant notre abeille domestique européenne on va dire à apis mellifera elle est pas encore complètement bien adaptée à lutter contre ce varroa.
Il faut absolument qu’on l’aide
là-dessus, ça a un impact économique très important. Une ruche qui est contaminée par la varroose d’abord elle peut s’écrouler et si elle ne s’écroule pas, on sait que grosso modo elle perd à peu près cinq kilos de miel par par an.
Donc vous imaginez à l’échelle de la France ou de l’Europe les tonnages qui manquent
Sans compter que notre varroa, il est bien sympathique mais en même temps non seulement il peut multiplier lui-même certains virus qui est assez rare hein c’est une espèce qui multiplie le virus d’une autre espèce. Euh c’est comme ça qu’on voit
lorsqu’il varroose des abeilles
qui ont plus de qui ont des petits moignons d’ailes mais non seulement il fait ça, mais également il peut transmettre pratiquement tous les virus qu’on connaît chez l’abeille donc ça l’affaiblit énormément.
Moi
je dirais que c’est la maladie numéro un en apiculture aujourd’hui en France en tout cas
m.
Ensuite on a une deux vieilles connaissances les loques américaines ou les loques européennes qui sont des maladies bactériennes. Donc là c’est des maladies du couvain, elles vont rentrer par voie orale, c’est des bactéries qui vont rentrer par voie orale dans la larve, par le nourris et puis elles vont se multiplier et se nourrir de cette larve qu’elles vont détruire
donc évidemment si on détruit des larves, on n’a plus de jeunes abeilles.
Comme vous savez, les jeunes abeilles sont celles qui nourrissent les reines et si les reines ne sont plus nourries, elles pondent plus.
Doncle ça, ça fait vite une escalade
ça Pour moi, les européennes ou américaines, c’est, je pense le la maladie numéro deux et puis en troisième, ça pourrait peut-être être en deuxième.
Je sais pas, je mettrais les maladies virales et en particulier la paralysie chronique qui est une maladie qui fait On l’appelle aussi mal de mai parce qu’elle apparaît en au printemps. on peut l’appeler aussi. maladie noire parce que les abeilles perdent leurs poils et du coup elles apparaissent luisantes.
Et si leur corps est noir comme c’était dans le temps, elles sont noires. voilà cette maladie là, elle est très présente en Angleterre, c’est la maladie qui monte de plus en plus. La maladie qui va devenir la maladie numéro un apparemment, d’après ce que nous disent nos confrères anglais, chez nous, elle est très présente.
Mais on la voit pas forcément
parce qu’on a des gros tas d’abeilles mortes devant les ruches au mois de mai. Ensuite, elle reste un peu à l’état latent et les abeilles survivent avec ça. Quoi,
Guillaume: d’accord, d’accord
Samuel Boucher -: peut être qu’on peut ajouter Guillaume, je vous coupe mais
peut-être qu’on peut ajouter, c’est pas vraiment une maladie. Des intoxications qui ont été très importante hein,
parce que voilà, dans l’environnement, on ne fait pas que des choses bien.
Il faut comprendre tout le monde, hein. Les agriculteurs, les cultivateurs ont des besoins aussi mais qui vont pas tout à fait de pair avec les besoins de nos abeilles. Donc désintoxication a été très importante. Il y a beaucoup de règles qui ont été mises en place, une prise de conscience aussi des gens de tout ça, donc ça va un petit peu mieux. Mais il y a encore des problèmes d’intoxication euh qui créent des problèmes. On dit sublétaux en fait qui ne vont pas forcément faire écrouler les colonies mais qui vont les affaiblir d’un point de vue immunitaire que voilà, la colonie s’effondre, elle est plus très résistante et puis elle finit par mourir.
Guillaume: d’accord et la plus commune en France c’est surtout la loque européenne ou américaine
Samuel Boucher -: La plus commune c’est l’européenne. Euh l’américaine elle est bien présente, malheureusement elle est peut-être, un petit peu plus agressive que l’européenne. La loque américaine, c’est une maladie du couvain fermé, elle va tuer des larves qui sont déjà bien avancés en âge alors que la loque européenne c’est une maladie du couvain ouvert
donc des larves des larves plus jeunes. Les conséquences sont à peu près pareilles, hein? Et puis euh bah malheureusement aujourd’hui on à ce qu’on appelle les loques atypiques. Donc il y a la loque européenne mais qui prend des formes cliniques de loque américaine Donc c’est juste pour compliquer un la vie du vétérinaire, ça,
Guillaume: Mais comment ça se fait qu’il y ait autant de maladies? Est ce que c’est parce qu’elles sont mieux documentées, mieux diagnostiquées et documentées? Ou est ce qu’elles sont apparues justement? Enfin, est ce qu’elles sont apparues récemment et la question derrière. C’est pourquoi, comment ça se fait? Est ce que on en parle plus?
Parce que voilà, on en communique beaucoup plus et toute la littérature et la vulgarisation nous permet de se rendre compte vraiment de la réalité de l’état sanitaire en apiculture ou est ce que vraiment elles sont apparues récemment l’ensemble de ces maladies?
Samuel Boucher -: je ne pense pas qu’il y en ait plus. En fait, on les connaissait enfin. Il y a des grands connaisseurs, des maladies des abeilles, Il y a des livres, il y a des écrits depuis très longtemps qui sont très documentés. Mais le grand public les connaissait peut-être, pas trop grand public. Il a rencontré aussi l’abeille avec ces intoxications, ça fait beaucoup parler.
il y a vingt ans de l’apiculture et je pense que on a autant de maladies, chez les abeilles que chez d’autres animaux, chez d’autres insectes sûrement, mais que chez d’autres animaux en général, il y a des maladies virales, il y a des maladies parasitaires, il y a des maladies liées à l’environnement.
Enfin ça, ça existe toutes espèces confondues. donc je pense pas qu’il y en ait plus peut-être que depuis quelque temps on en parle plus, il y a les gens ont plus accès aussi aux connaissances avec tout internet et tout ça c’est beaucoup plus facile qu’auparavant. Il fallait trouver un bouquin sur les abeilles, c’est déjà pas facile le lire et cetera là aujourd’hui, la diffusion de l’information, elle est à vitesse grand V.
Donc je pense qu’on en parle plus. On les connaît mieux, le grand public les connaît mieux, mais pour autant je pense pas qu’il y en ait plus que dans d’autres espèces.
Guillaume: D’accord d’accord mise à part la varroose qui elle est apparue en quatre vingt en France
Samuel Boucher -: oui alors bah oui oui, tout à fait Ouais bah il y en a plusieurs hein! On a aussi des bio agresseurs le frelon
qui est apparu y a pas très longtemps non plus et puis dans les années deux mille et euh ouais bah ça c’est c’est la vie des organismes vivants hein qui s’adaptent ou qui ne s’adaptent pas, qui ont des problèmes peut-être que ça s’accélère beaucoup avec le réchauffement climatique.
On
on a quand même cette impression là aujourd’hui des territoires qui étaient pas très favorables, notamment au frelon avec le réchauffement. Euh le frelon, il aime le chaud et l’humidité, on va dire donc il se trouve bien par exemple en ce moment là où il prend son expansion en dehors de la France.
Chez nous c’est bon, tout le territoire est contaminé entre guillemets et et colonisé. On va dire par ce bio agresseur. Aujourd’hui si on regarde l’Espagne et le Portugal sur les côtes, il se trouve bien implanté, plus favorablement implanté. Et lorsqu’on va dans les déserts un petit peu d’Andalousie tout ça on le voit beaucoup moins
peut-être même pas du tout, parce que finalement ce cet environnement là ne lui plaît pas.
Mais la
France c’est un très bon territoire d’accueil pour le frelon
Guillaume: oui, je suis en train, j’ai un peu de réflexion qui me vient à l’esprit, c’est que il y a l’apiculture, donc la technicité, l’apiculture par rapport aux récoltes, à la construction des abeilles. Enfin vraiment la connaissance des castes en colonie. Donc ça c’est un premier pilier et un deuxième, c’est l’aspect sanitaire.
Et maintenant, il y a un troisième qui en train d’émerger, c’est par rapport au bio. Vous disiez tout à l’heure par rapport au frelon. Mais
ça s’appelle y a Aethina tumida. Il y a d’autres frelons aussi qui vont sûrement arriver également. Donc je me dis qu’en fait ça va être un troisième pilier où l’apiculteur, comment il gère sa ruche, comment il gère l’état sanitaire de sa ruche et comment il se défend par rapport au bio agresseur.
Avec cette logique de
piégeage, ça va être quoi?
On va
Samuel Boucher -: Ouais ouais tout à fait vous avez raison alors il y en a plusieurs qui sont sur la sellette là prêt à partir. On a Aethina tumida qui nous embête vraiment beaucoup parce que enfin il nous soucie. On va dire pour l’instant il n’est pas en France mais enfin il est à l’île de la Réunion ce qui est déjà un premier pas pour rentrer en France on va dire
euh il nous soucie parce qu’il est en Italie donc
l’Italie la France c’est proche même
s’il y a les Alpes à franchir et cetera ça c’est un gros problème.
On pour l’instant, on ne sait pas trop trop comment gérer ça, mais c’est pas le seul hein. Il y a aussi Tropilaelaps clareae par exemple, qui pourrait
éventuellement s’installer chez nous alors sa sa biologie lui permet pas de trouver finalement chez nous un territoire d’accueil très satisfaisant.
Guillaume: Je connais pas
Samuel Boucher -: c’est un, c’est un acarien, ça ressemble un petit peu à un varroa qu’on aurait pressé sur les côtés.
Il est plus long que lui.
Varois est tout rond, lui il est plutôt long mais il fait exactement la même chose que lui. Il
va pareil pomper l’hémolymphe et cetera et cetera Donc c’est un c’est un petit parasite pour le coup un vrai parasite lui c’est pas un bio agresseur? Euh il existe en Amérique par exemple hein?
Et puis euh, on a pu le voir apparaître aussi. Euh, il y a pas si longtemps, en deux mille vingt et un, je crois de mémoire euh sur les territoires de Russie donc on a un petit peu peur qu’il qu’un jour, un jour ou l’autre, il s’adapte
Guillaume: Ouais bah du coup ça ça recoupe avec une question que j’avais c’était est-ce qu’il existe des maladies apicoles que nous ne rencontrons pas en France mais qui représentent un danger
ailleurs
Samuel Boucher -: voilà et ben donc ça c’est, c’est ces deux choses là
auxquelles on peut penser. Aethina tumida et Tropilaelaps clareae Euh voilà, Aethina tumida , on sait que on est accueillant pour lui, Tropilaelaps clareae, un petit peu moins. Mais voilà, après les autres maladies, je crois que malheureusement il y a beaucoup, beaucoup d’échange en apiculture. Il suffit de mettre une reine dans une enveloppe et de l’envoyer hein.
On dit ça souvent pour plaisanter, mais c’est même pas une plaisanterie, c’est comme ça qu’on fait.
Donc euh, il y a des importations de reines, il y a des des choses comme ça, alors c’est évidemment réglementé, on fait attention, il y a des analyses quand tout se passe bien. Mais euh, si moi je veux envoyer un de mes copains une reine sans passer par les voies légales, malheureusement c’est faisable.
alors je le fais pas évidemment, mais ça serait faisable.
Et donc je peux recevoir des animaux d’un petit peu tous les pays du monde
et le danger, il est là à chaque fois. On le voit avec tous les parasites varroa et cetera et cetera à chaque fois, on peut mettre en évidence le frelon par exemple. On peut mettre en évidence aujourd’hui par les les analyses génétiques d’où il vient finalement et et ça c’est pas très très compliqué. Et on voit que finalement il y a des des animaux qui viennent des pays qui sont à des centaines de de de des milliers de kilomètres. Donc ils sont bien venus d’une manière ou d’une autre par le commerce humain. On va
dire
Guillaume: Oui oui! et là j’étais, allé regarder pour les frelons, j’étais intéressé à un moment aux différents types de frelons, il y a le a le Vespa mandariana et L’ orientalis .Orientalis il est à Marseille, à
et pas mal en Italie et
Samuel Boucher -: voilà or orientaliste il est ben c’est un oriental donc il est dans les pays justement du sud du sud de l’Europe. Euh on l’a trouvé à Marseille, on ne sait pas trop s’il va s’y implanter ou pas. En tout cas pour l’instant il ne prend pas une extrêmement grande ampleur. Et et vous avez parlé de Vespa mandarin qui
lui c’est le plus gros frelon alors il est très étudié au Japon et cetera
Ah et c’est le plus gros frelon qui existe le frelon asiatique.
Il fait à peu près la taille d’une main assez grand et et cet animal là pour l’instant bon on a eu peur mais euh on le trouve pas sur le territoire français,
Guillaume: oui.
Samuel Boucher -: c’est peut-être que ce sont des frelons qui Et puis peut-être qu’il y aura un un quatrième frelon qu’on ne connaît pas encore et qui va surgir alors qu’on ne l’attendait
pas.
des choses possibles, ça
Guillaume: oui, j’ai échangé un moment avec un chercheur qui habite au Cambodge.. Il disait que c’est vrai qu’il y en a beaucoup, beaucoup d’autres frelons qui existent
également en Asie, en Asie du Sud Est notamment.
Il y a énormément d’espèces. Voilà lui il est enfin je ne sais pas s’il étudie spécifiquement le frelon, c’est plutôt, c’est plutôt l’apiculture qui l’intéresse. Mais oui, on je pense que il faudrait que je lui en parle un petit peu et par rapport à à
des est-ce que est-ce que outre les bio agresseurs est-ce qu’il y a quand même d’autres maladies qu’on ne connaît pas, qui sont un peu un peu et euh je dirais un covid dix-neuf qui est là quelque part et qui va peut-être atteindre un jour la France à parler du régresseurs dont vous avez parlé
Samuel Boucher -: Ouais, à ma connaissance, non. Alors il y a des, c’est des micros si vous voulez, mais par exemple, je vous ai parlé tout à l’heure de la maladie. Des ailes déformées,
donc, qui est due au virus DWV Alors on en connaît plusieurs espèces. Je ne sais pas on peut dire ça. Plusieurs variants en tout cas.
Le D W V A et le D W V B. Et on se rend compte que, alors qu’on avait jusqu’à présent beaucoup de A on, on migre un petit peu aujourd’hui vers le B, ça dans les maladies virales. c’est extrêmement fréquent. Euh moi je travaille beaucoup sur le le lapin dans mon dans mon quotidien
et on a des formes de maladie hémorragique virale qui est une maladie qui les décime, qui est mortelle, qui est arrivée en quatre vingt huit en France hein?
Donc c’est pas c’est pas non plus très très vieux et euh on est déjà à la au troisième variant pathogène de cette maladie là en une vingtaine d’années quoi.
Voilà donc ça chez les abeilles je pense qu’on a exactement le même phénomène m il y a pas de chose vraiment très très rare chez les abeilles simplement euh simplement on les connaît moins peut-être que dans d’autres espèces.
En tout cas à ma connaissance de maladies bactériennes, virales ou parasitaire qui serait toute nouvelle ou à nos portes à part celle que j’ai cité Et voilà, j’en connais pas d’autres, ça veut pas dire qu’il y en a pas
Guillaume: ouais oui d’accord Et en tant que vétérinaire, quelle est l’importance de la prévention dans le contrôle des maladies au sein des ruches?
Samuel Boucher -: Alors là
c’est primordial et surtout que vous parlez à un vétérinaire
qui c’est très important. Vous parlez à un vétérinaire qui travaille sur ce qu’on appelle les productions animales hors sol, les poulets, les lapins, les choses comme ça Donc euh, qui sont élevés en en grand nombre si vous voulez. Donc forcément plus on rassemble des individus euh, dans un endroit donné. et plus ils peuvent s’échanger d’éventuels agents pathogènes, alors plus on les rassemble, plus il faut mettre en place des des solutions pour les protéger. Alors en apiculture, c’est compliqué parce que dans les solutions qu’on a pour les protéger ces animaux, on peut faire la vaccination chez l’homme.
Vous avez vécu la covid?
C’est exactement ce qui se passe. On nous a tous vaccinés manu militari et puis
et puis on a été globalement euh protégé contre cette maladie là. C’est exactement pareil pour les autres mammifères. En revanche, pour l’abeille, normalement on n’a pas de elle a pas de ce qu’on appelle une immunité acquise c’est-à-dire quand elle n’a pas de mémoire immunitaire. Donc
si on la vaccine déjà, il faut trouver le bon système. Elle ne va pas pour autant pouvoir faire des anticorps qui vont après reconnaître un un agent pathogène qui arriverait par là donc c’est compliqué. Il faut euh il faut faire appel à ce qu’on appelle la biosécurité, comme on fait aussi pour les autres espèces.
La biosécurité, c’est quoi? On va se dire voilà, on a un agent pathogène X. On va s’arranger pour qu’ils n’arrivent pas dans notre exploitation apicole. Alors je parle d’exploitation, ça peut être un rucher, ça peut être un ensemble de ruchers,
ça peut aussi être une colonie sur un balcon, donc on on circonscrit un endroit et on dit là on veut pas que ça rentre, donc on fait tout pour que ça rentre pas.
Alors si c’est une maladie bactérienne ben on va nettoyer sur l F quatre quand on change de rucher ou de ruche, voilà, c’est des choses toutes bêtes. On va pas venir avec des bottes toutes sales, mais on va réfléchir un petit peu éventuellement. On va avoir du matériel dédié pour chaque rucher. Ah quand on va faire lécher les hausses bah on va réfléchir aussi à comment on le fait.
On ne va pas faire lécher les hausses d’une ruche malade à d’autres ruches, alors c’est très difficile à mettre en place tout ça. Puis ça se raisonne chez un apiculteur professionnel. On lui donnera pas les mêmes consignes que chez un amateur. On ne va pas dire à un professionnel qu’il faut qu’il remette les hausses sur chaque sur chaque ruche.
Ça c’est pas faisable donc on réfléchit à ça.
donc on empêche l’agent pathogène de rentrer dans l’exploitation si par malheur il y est rentré, c’est ça a été le cas avec la grippe aviaire par exemple, qui est arrivée de des airs hein par les oiseaux sauvages.
Ben on va essayer de faire en sorte qu’elle ne se multiplient pas dans l’élevage, donc pareil avec des règles qu’on applique.
Et puis si par malheur ça s’est multiplié dans l’élevage parce que la vaccination a raté ou autre, à ce moment là, on va s’arranger pour que le l’agent pathogène ne sorte pas aller contaminer d’autres élevages ou en l’occurrence d’autres ruchers apicoles. Alors pour pas sortir, il y a des il y a des règles hein par exemple bah on ne va pas multiplier des colonies pour les revendre alors que on a telle ou telle maladie virale.
Voilà, on va s’intéresser à ça, d’abord soigner son cheptel et ensuite se remettre à à vendre des essaims par exemple. Mais c’est pareil avec le miel si vous avez de la loque américaine, les spores de loque qui sont extrêmement résistantes, c’est les formes de résistance en fait de cette maladie là de de cette bactérie là vont rester des années dans le miel si vous donnez du miel à manger d’un rucher qui a la présence de de loque américaine ben vous allez immanquablement transmettre l’agent pathogène dans l’autre rucher.
C’est pas pour autant que les abeilles développeront la maladie, mais en
tout cas elles auront récupéré le les bactéries pour le faire.
Guillaume: M. D’accord,
Samuel Boucher -: Donc
oui c’est c’est vraiment très très important ça euh la prévention euh faire du propre et et gérer la biosécurité en apiculture à peu près tout ce qu’on peut faire Alors je parlais des vaccins tout à l’heure. Euh mon discours il était vrai il y a encore trois quatre ans. Et puis il y a des chercheurs qui ont découvert en fait qu’en nourrissant une reine avec des des débris pour être simple hein je suis pas très scientifique mais je je le fais simplement en nourrissant une reine avec des morceaux de loque américaine. Ils arrivaient à avoir un couvain qui était plus ou moins enfin mieux protégé contre cette maladie-là. Donc on ne peut pas forcément parler de
vaccin mais en tout cas c’est c’est une une transmission de quelque chose qu’on ne perçoit pas très bien mais qui permet en tout cas à des industriels aujourd’hui de nous proposer dans certains pays un vaccin contre la loque américaine donc c’est c’est tout un un bazar à mettre en oeuvre.
Il faut faire manger ça aux nourrices. Les nourrices vont ensuite nourrir la la reine qui elle va se trouver protégée en transmettant quelque chose dans ses oeufs dans son vite bus quoi
Track 1: d’accord
squadcaster-a51j_1_03-19-2024_130352: C’est intéressant hein?
Tout évolue de toute façon tout le temps
Track 1: ouais très très intéressant comme principe oui et si on prend le cas d’un apiculteur qui a que quelques ruches
il a des bases en apiculture à quoi il devrait faire attention? Vous parliez tout à l’heure du lève cadre et des vêtements et à quoi il devrait faire attention justement tout aussi bien dans son matériel et également quand il va visiter ses ruches il ouvre sa ruche.
Qu’est ce qui pourrait lui faire dire que à là, attention, en termes d’odeur ou visuellement, il y a quelque chose qui n’est pas conforme, si on prend , tout le process pour vraiment arriver à faire avoir cette prévention de bout en bout.
Samuel Boucher -: alors avant tout. Là, comme je le disais tout à l’heure dans le monde de l’apiculture, on a la on a soixante dix mille apiculteurs à peu près en France, quelques uns près
et euh, la majorité du miel est produite par une toute petite poignée d’apiculteurs professionnels. Donc on a On a donc des gens de tous niveaux, des gens qui sont allés à l’école apprendre leur métier, des gens qui ont appris leur métier sur le tas et puis des gens qui ne connaissent rien mais qui sont passionnés d’abeilles ou ou même qui veulent Euh euh comment dire euh aider un petit peu à la diversité, à la biodiversité et cetera en mettant une ruche dans le fond du jardin en pensant que ça ça va être une bonne solution pour la pollinisation et cetera et cetera ça on pourra en reparler mais donc un apiculteur.
Je pense que, qu’il soit amateur ou pas, il doit d’abord se former. Ça, c’est important. Il y a des ruchers écoles, alors de de différents niveaux. Il y a des apiculteurs qui bien volontiers prennent des, des gens qui veulent apprendre l’apiculture et ils les prennent en stage. Ou voilà, Il y a des des tutorats comme on disait, des choses comme ça qui existent beaucoup, beaucoup en apiculture. En tout cas, il y a des bouquins aussi. On peut très bien apprendre dans les livres, dans les tutos. Aujourd’hui il y a, il y a des sites bah comme le vôtre, comme ceux d’autres collègues, qui sont très très intéressant. On peut se former intelligemment. Je pense que il viendrait à personne d’avoir l’idée de se dire J’aime les vaches, Je vais prendre une vache dans mon jardin sans avoir de formation.
Par contre, en apiculture, c’est tout à fait possible.
J’aime les abeilles, je vais prendre une colonie et je la mets dans le fond du jardin.
C’est possible Sauf que la vache comme les abeilles au fond du jardin, il manque un petit quelque chose. Il manque l’élevage, il manque la nourriture, il manque les soins.
Donc voilà. Et ça, ça choque pas beaucoup de monde, à part moi sans doute. Mais qu’on qu’on fasse ça pour les abeilles Ah non, je pense d’abord commencer par se former et en se formant justement, on va vous apprendre quels sont les signes cliniques à regarder. Vous disiez tout à l’heure. C’est très, c’est très vrai.
Faire marcher ces cinq sens . On a besoin de l’odorat, de la vue, de l’ouïe, d’une certaine réflexion aussi de connaissance de base pour se dire là, il y a quelque chose qui ne colle pas et je vais faire appel. Soit à un apiculteur, soit un vétérinaire.
Voilà selon, selon les choses qu’on va observer.
Donc ça, c’est très important. L’information avant tout. Moi je pense que c’est une bonne chose.
Après vous dire qu’est ce qu’il faut qu’est ce qu’il faut faire? Moi, quand je vais sur un rucher, je déroule une méthode de de clinicien c’est-à-dire qu’on va d’abord regarder l’environnement avant d’ouvrir, de sauter sur le lève cadre, etc. On regarde l’environnement. Qu’est ce qu’il y a à manger dans les kilomètres qui précèdent?
Quand j’arrive en voiture, je je ferme la radio, j’observe quatre, cinq kilomètres avant ce qu’il y a. Je regarde un petit peu partout, j’essaie de voir tout ce que je peux voir. Et puis quand j’arrive sur le rucher, après j’observe comment l’apiculteur a rangé ses ruches, s’est organisé est-ce que c’est un rucher de quatre ruches ou est-ce que c’est un rucher de quarante ruches, c’est pas la même chose, elles vont pas manger les mêmes choses,
voilà ah la la saison où on est est-ce, qu’il fait froid, est-ce, qu’il fait chaud enfin il y a, il y a plein de paramètres très très importants est-ce qu’il y a des cultures autour, est-ce, qu’il y a des bâtiments d’élevage est-ce, qu’il y a des rivières, tout ça sont des éléments qu’on met en oeuvre pour pour faire un diagnostic au final. Et puis ensuite bah, toujours pareil, on va ouvrir, on va voir des des signes cliniques. Nous on appelle ça enfin est-ce que est-ce que le couvain ouvert à ceci ou cela est-ce que le couvain ferme à ceci cela est-ce que j’ai des abeilles qui sont déformés, qui tremblent, qui ont les ailes en croix. Voilà toutes ces choses là, on va les regarder. Quelle est la production quand l’apiculteur suit ses ruches? Certains ont aujourd’hui des balances, ça c’est super bien, parce que moi ça me permet de voir un petit peu comment ça évolue et tout ça, on va le mettre dans un grand sac, on va tout secouer et il va sortir quelques hypothèses à partir de ces hypothèses. Différentes maladies, différentes affections, différents problèmes qui sont pas forcément liés à des agents pathogènes. Et à partir de là, on va mener l’enquête avec ce qu’on appelle des examens complémentaires. La recherche de virus, de parasites, voilà tout un tas de trucs. Mais aussi euh simplement le questionnement des apiculteurs pour savoir où est-ce qu’on peut aller Et puis ben on va aboutir ou pas à une conclusion qui va nous dire Bah là, c’est sûr, c’était ça ou là, c’est pas sûr, c’est pas ça. Et tout à l’heure, on parlait des intoxications. Dans le cas de des intoxications, c’est extrêmement complexe
parce que c’est pas très compliqué de récupérer des abeilles, de les envoyer dans un bon laboratoire qui étudie les toxiques, il y en a, il y en a quelques uns en France. Et euh, on va chercher cinq cent six cents sept cents , pesticides possibles ou des familles, de molécules comme ça, On va nous rendre une copie avec des des taux de présence ou d’absence. Le problème, c’est qu’en général on va recevoir une copie avec sept huit pesticides qui étaient présents dans l’environnement. On on peut même avoir ça sur des abeilles qui ne sont pas malades, c’est ça qui est compliqué.
Et puis souvent à des taux qui ne sont pas des taux qui permettent de dire ça, c’est à coup sûr tel pesticide qui va tuer les abeilles
il va falloir réfléchir aux interactions entre les différents pesticides.
Et puis grosso modo, ce qu’on sait, c’est que plus il y a de pesticides, même à des toutes petites doses dans une ruche, plus la colonie a des chances d’être sensible à tout un tas d’autres maladies. Euh, tout un tas de maladies tout court
Guillaume: D’accord.
Samuel Boucher -: Donc voilà, tout ça, c’est à à réfléchir. Euh, c’est toute une démarche diagnostique.
C’est difficile de répondre à votre question en disant quand j’ouvre ma ruche, Qu’est ce qui va faire que ces
tous ces signes cliniques sont sont à apprendre d’abord, donc je j’invite tout le monde à aller se former, regarder un peu les
différentes choses pour apprendre ça quoi?
Guillaume: Oui, vous étiez avant tout avoir un socle baisse de formation, continuer de
Samuel Boucher -: Oui, c’est ça
Guillaume: Cela évolue beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Euh et aussi c’est intéressant votre
démarche,
Samuel Boucher -: C’est c’est ça qui est riche aussi. Le fait que l’abeille, c’est une espèce qui est étudiée. L’abeille mellifère apis Mellifera hein? Puis bon, il y en a d’autres dans le monde, bien sûr, hein. Mais euh, dans celles qui sont domestiquées, c’est surtout Mellifera et on lui a fait conquérir le monde entier.
On l’a installé partout en Amérique, normalement on a que des abeilles mélipones Ben aujourd’hui vous allez au Brésil, vous allez en Guyane française, vous trouvez des apiculteurs et des abeilles avec Apis Mellifera? C’est pas du tout son territoire de prédilection, donc ça c’est intéressant. Et du fait qu’elle soit dans le monde entier, elle est étudiée par des tas de chercheurs.
C’est super intéressant d’aller au congrès API Mondia de temps en temps, voir un peu tous ces gens qui se retrouvent et toutes les publications qu’il y a chaque semaine, c’est énorme. Quoi
donc? Euh, F je ne sais plus où vous voulez en venir, mais en tout cas, oui, c’est ça, c’est que c’est la connaissance de l’abeille, ça n’a pas de fond.
Chaque jour, on apprend des choses nouvelles, autant en pathologie, mais que dans tout un tas d’autres domaines. C’est super intéressant
et et ça évolue tout le temps, tout le temps. Une recherche en amène une autre qui en amène une autre. Et dans mon métier, on a l’obligation de se tenir au courant de l’évolution des maladies en tout cas de de des connaissances scientifiques de notre travail. Euh, sauf que en abeille, c’est très difficile parce que c’est immense, quoi, Tout ce toute cette, cette manne qu’on peut avoir à lire, à écouter, à regarder. Donc moi ça fait partie des choses qui me passionnent. Le fait de pouvoir toujours mettre sa sa cervelle en en action. Euh, concernant l’abeille,
Guillaume: Moi, en tant qu’apiculteur, mes sources c’est l’abeille de France et la santé de l’abeille, de la FNOSAD Et
en tant que deux bonnes revues
oui oui oui très bonne revue, Bonne vulgarisation mais Et vous de votre côté? Où est ce que vous trouvez vos sources?
Samuel Boucher -: je trouve parfois dans les revues que vous lisez y en il y en
a aussi quelques autres que vous avez pas cité publié par d’autres syndicats où il y a aujourd’hui aussi euh les qui publient réussir apiculture
qui est intéressant ça c’est c’est pas forcément là que je vais trouver des données sur la pathologie apicole, mais en tout cas il y a plein de choses très intéressantes en tant qu’i cteur Moi je suis évidemment aussi apiculteur euh moi mes mes sources je vais les trouver Bah malheureusement c’est pas à la portée de tout le monde, mais c’est des publications scientifiques.
On appelle ça donc qui sont faites dans des revues vétérinaires par ci par là il y a des il y a des articles en français, il y en a quelques uns pas beaucoup. euh dans dans dans nos revues, il y a le bulletin des G T V qui publie de temps en temps des des choses la semaine vétérinaire qui est un hebdomadaire donc on reçoit pratiquement tous les vétérinaires.
Tous les cabinets reçoivent cette ce journal là, donc il y a des choses qui sont publiées. Et puis euh le la vraie science entre guillemets, on l’a fait en faisant de la biblio, ce qu’on appelle donc on va chercher dans le monde entier alors par internet ce n’est pas très compliqué, il y a un sujet qui nous intéresse et ben on tape dessus et on va aller chercher des articles scientifiques.
Malheureusement c’est souvent en anglais, mais euh voilà, et au sein de la commission apicole de la S N G T V justement, on a un petit service entre guillemets qui est tout à fait bénévole. On on est quelques vétérinaires à avoir Euh, sous l’égide de Christophe Roy qui a créé ça? Un de mes confrères qui travaille dans la commission apicole Euh on fait ce qu’on appelle la gazette apicole c’est-à-dire que chaque mois euh Christophe et ses collaborateurs vont trier une dizaine d’articles qu’ils ont lu justement.
Alors eux pour le coup, tous les matins Christophe il fait de la biblio, il va regarder ce qui est sorti dans le monde entier et puis euh et puis ils vont choisir dix articles qui vont nous demander de traduire en français et on fait on traduit un petit résumé en français on fait un petit résumé qu’on envoie Bah qui veut l’avoir si c’est accessible évidemment à tous les vétérinaires apicoles et puis et puis à beaucoup d’autres gens parce que je sais qu’elle diffuse un peu partout.
Euh c’est sans prétention, mais ça permet de se tenir au courant des choses les plus récentes quoi
Guillaume: M. Et de sortir un peu son regard de ce qui se passe en France et des publications françaises pour voir un peu un point de vue
Samuel Boucher -: oui
Guillaume: et international, Oui.
Samuel Boucher -: c’est ça, c’est ça. Après, il y a des organismes de recherche en France, on a l’institut technique qui publie des choses très intéressantes. L’app, ils ont un site et puis ils publient. Alors on est abonné à ce qui à ce qu’ils publient, on reçoit des choses. On a l’inrae aussi, qui travaille beaucoup sur l’abeille. On a l’anses. Tous
ces organismes là sont des chercheurs de très grande qualité et et nous fournissent des renseignements intéressants. Pas forcément que en pathologie, il y en
a, mais mais pas que en pathologie.
Guillaume: m. D’accord
Et il y a une question qui c’est plus un peu de la prendre un peu de recul et en fait c’est en le relisant. C’est un peu de la philosophie question que j’avais, c’est quels sont les enseignements que nous pouvons tirer du varroa et du frelon asiatique?
Samuel Boucher -: Ah oui, exact! Bon. moi je pense que comme euh comme l’abeille hein et heureusement pour pour tous ces organismes y compris l’homme hein ils sont très adaptables donc en fait on on va avoir du mal bah d’ailleurs on ne peut plus les les éradiquer Le frelon je vous le disais il a gagné toute la France et varroa c’est pareil et bien au-delà de nos frontières on on a en ce moment le premier plan de lutte nationale contre le frelon c’était deux mille vingt-deux et là vient de ressortir le le nouveau plan qui est assez intéressant. Euh parce que il il se rend compte ce plan là que on est dépassé par les évènements. Le frelon a vraiment bien colonisé, c’est très très bien adapté et donc il va falloir faire avec. Donc euh c’est pas une bonne nouvelle hein? Franchement pour un apiculteur que je suis c’est vraiment pas une bonne
nouvelle. Par contre ce plan a réfléchi à des choses intelligentes à parler du piégeage des fondatrices de printemps donc pour pas détruire toutes les colonies parce que le piégeage c’est bien mais il faut qu’ils soient sélectif. C’est-à-dire Si on capte que des frelons asiatiques puisque c’est l’envahisseur qu’on veut détruire, c’est pas encore très très grave. Par contre il y a beaucoup de pièges, des pièges faits maison ou des pièges un peu anciens aujourd’hui et que dont dont les plans ont été publiés dans différentes revues qui sont pas sélectifs. Ils vont à la fois choper des papillons, des petites mouches, des choses qui ont l’air insignifiantes mais qui ont toute leur place dans la dans la biodiversité. Donc ce plan il déjà il nous propose trois types de de pièges qui sont utiles ah qui sont sélectifs et ils nous proposent d’utiliser ça au printemps et puis ensuite en automne. De toute façon, le frelon, vu sa sa dynamique de population sera devenu tellement nombreux. Ça sera très difficile de les éradiquer ou ou de d’empêcher qu’ils arrivent dans les ruches avec intelligence.
Donc on va plus se servir à ce moment là. Euh d’outils qui empêchent de stresser les colonies puisque à cette période là, ils sont tellement en vol stationnaire et parfois très très nombreux devant les colonies, qu’ils empêchent les abeilles de sortir et de récolter. Et du coup, ben l’enchaînement fatal c’est que il n’y a plus assez de réserves.
L’hiver va très mal se passer et on a aujourd’hui au printemps des des colonies qui ont disparu alors qu’elles étaient en bonne forme lors de l’hivernage,
faute de faute de réserve. Et cetera je recherche parce que j’avais dit
quelque chose qui m’intéressait. Ah oui, le le le varroa. Vous allez peut-être être surpris par ma réflexion. Mais moi, il me fait faire une réflexion concernant les apiculteurs. En fait, voilà le frelon, c’est d’accord, ça va être très difficile de l’éradiquer. Le Muséum nous le disait au départ, c’était quasiment une bataille déjà perdue. Par contre, varroa, on aurait peut-être pu comme peut-être, on pourra à et aethina tumida si si, on s’y prend bien, de bonne heure et efficacement. Mais euh, chez chez le varroa, ça m’a mis en évidence quand même quelque chose qu’on qu’on voit dans mon métier que malgré les conseils qu’on peut dispenser, on n’est pas toujours toujours suivi.
Et c’est fort dommage parce que du coup, euh bah, ça permet aux parasites, aux bactéries et au virus de de s’installer chez le varroa. On a pu voir des gens qui euh euh par exemple, n’ont pas et on en voit beaucoup, hein, qui ont pas envie de faire le travail complètement. Quand on fait un traitement contre les
va la, la varroose, on va contrôler
d’abord combien on a de varroa.
Ensuite on va mettre en place le traitement et ensuite on va contrôler que le traitement a bien marché. C’est fastidieux, c’est lourd. Pendant un temps, on avait que des méthodes compliquées de comptage de varroa phorétiques. Et ce aujourd’hui, avec une chute naturelle sur lange, c’est pas très compliqué. Donc il y a pas vraiment d’excuse, si ce n’est qu’on n’est pas très motivé pour le faire.
Mais bon, donc euh, en faisant ça euh ben, on utilise des méthodes, des produits sans forcément trop savoir comment ils fonctionnent. Deuxièmement, euh, quand on dit aux gens il faut euh,mettre les lanières pendant six semaines, que ensuite on leur dit dix semaines et que ils les laissent jusqu’au printemps d’après et bien on favorise la présence , de médicaments en même temps que la présence de varroa du coup bah lui il est pas plus qu’un autre petit à petit son organisme s’adapte et on a des lignées de varroa qui deviennent résistants à certains médicaments
comme on n’en a pas tant que ça. On a quand même beaucoup de médicaments en France contre la varroose, mais on n’en a pas tant que ça et les molécules sont souvent proches entre le tau-fluvalinate ou la fluméthrine, c’est quasiment la même molécule, donc les résistances peuvent être croisées et bien c’est compliqué donc et ça cette varroose ça, ça m’a mis en évidence que finalement euh ben on n’est pas tous égaux face à la compréhension d’un avènement pathologique, on va
dire et et tout le monde n’est pas motivé de la même manière pour essayer d’éradiquer là la Var.
C’est une lutte collective qu’on doit appliquer, c’est très important et bon je pense que de toute façon désormais euh les dés sont jetés et il va falloir faire avec notre varroa
on peut. Certes, on peut hein, Euh, sélectionner des abeilles plus ou moins tolérantes et cetera. Euh, ça a été un des travail d’Yves le Comte, qui est très intéressant à ce sujet là.
Mais euh, tout le monde n’est pas Yves Leconte, c’est difficile. On ne peut pas simplement laisser des colonies dans un fond de jardin. Et puis se dire elles vont s’adapter aux aux varroa. C’est pas ça le travail à faire.
Donc voilà. Donc il y a, il y a, il y a un petit peu tout ça. Ben, du fait que le le la population d’apiculteurs est très, très, très varié. On a à convaincre les gens avec différents arguments et c’est pas toujours réussi. Voilà la preuve,
Guillaume: Oui, c’est comme au début, les syndicats. Une des missions des syndicats apicoles, c’était de convaincre les agriculteurs d’arrêter d’utiliser des ruches en osier pour passer sur des ruches à cadre mobile, parce que c’était en termes de visibilité sur le développement de la
de récolte. C’était. Mais du coup, il y en avait quand même des irréductibles qui disaient non,
je reste avec les paniers en osier, donc du coup, ça a mis plusieurs dizaines d’années à ce que vraiment la transition se fasse. Donc oui, parfois, la population des apiculteurs, ils sont un un peu un peu gaulois.
Samuel Boucher -: Il y a tout on va
mais bon c’est normal hein c’est c’est vrai certainement dans d’autres populations humaines. Euh on on a peut-être moins ça? Euh je pense que si on parlait que à des apiculteurs professionnels euh ben un professionnel ça gagne sa vie avec les abeilles Donc s’il gagne plus sa vie avec les abeilles, ça ne va pas.
Donc on à cet argument comme on a euh dans dans le reste de mon métier hein? Sur les vaches, sur les lapins, sur les poules Euh s’il y a une maladie qui est pénalisante, le professionnel il le comprend. Mais euh parmi les amateurs il y a, il y a de tout, il y a des gens qui vont comprendre ça. Et puis des gens qui vont euh simplement avoir l’abeille pour leur plaisir et et qui ne veulent pas entendre parler de traitement de ceci de
cela Et ces gens là, c’est de la philosophie.
Après moi je ne sais pas comment les convaincre de lutter contre les maladies.
Guillaume: m m ouais et quand même si on on vous parlait tout à l’heure des abeilles donc résistantes aux varroa, je me posais une question. Comment l’apiculture, l’apiculteur, pardon peut il aider ces abeilles à être résistantes aux maladies, notamment par rapport par rapport à la nourriture et le choix du type de ruche?
Alors quand je dis nourriture ça peut être la nourriture, enfin les plantations que l’apiculteur fait ou le choix de type de ruche ou vraiment dans sa manière de conduire ces ruches? Est ce qu’il a des manières pour que aider ces abeilles à bien se débrouiller? à se débrouiller à être vraiment comme par exemple le fait de faire construire souvent les enfin faire construire les abeilles.
Du coup ça, ça aide à développer les abeilles cirières enfin vraiment est-ce qu’il y a des des
attitudes que peut adopter l’apiculteur qui vont vraiment aider les ces abeilles.
Track 1: Oui évidemment, et je pense qu’on n’a certainement pas fait le tour de tout ce qui peut encore aider les abeilles à être résistantes Si on se place à l’échelle humaine, c’est on ne voit pas forcément l’évolution des choses parce que c’est court. Une vie d’humain c’est court, mais si on se passe à une plus grande échelle, on sait que l’abeille, elle s’adapte, on la on la voit.
Euh euh proliférer peut-être pas le terme, mais en tout cas vivre en Suède par exemple, c’est quand même des régions compliquées on dans certains déserts hein pour qu’il y ait des floraisons et qu’on leur donne de l’eau elles y arrivent aussi. On on lui a fait coloniser le monde entier, donc l’abeille elle est adaptable et à chaque fois qu’il y a des petits soucis, ben elles s’adaptent. J’ai un de mes confrères vétérinaires Apice qui a des ruches en montagne. Lui il fait qu’une miellée mais ces abeilles, elles sont adaptées à résister à des longs hivers. Elles sont sous la neige. Ces ruches et il n’y a aucun souci. Elles sont elles sont tout à fait adaptées. Ah on peut très bien élever des abeilles dans le sud de la France, là elles vont s’adapter aussi.
Elles vont quasiment pas avoir de d’arrêt de ponte en hiver. Ah bon? Elle s’adapte sur des petites échelles comme ça elle s’adapte très bien et je pense qu’on peut lui faire euh lui faire confiance par contre voilà qu’est ce qu’on peut faire pour les aider à être résistante d’abord et c’est vrai pour tout le monde, y compris chez l’homme, c’est de les nourrir correctement. La première chose moi je suis dans une région où il y a des cultures mais il y a encore heureusement des bocages avec des des ce qu’on appelait avant des mauvaises herbes les advenis Donc tout ça c’est c’est très bien pour pour nos abeilles. Elles ont une certaine diversité florale N’empêche que au mois d’août, tous les ans en Vendée on a des famines parce que elles ont plus rien à manger.
Il y a des fleurs hein les fleurs sont belles mais il fait sec donc il n y a pas de nectar et euh et donc elles ont rien à manger même si elles vont butiner, chopper trois grains de pollen et puis voilà donc on est très régulièrement obligé de les nourrir en plein été. C’est pas normal pour une espèce telle que Celle-là, donc bien les nourrir.
Euh, on peut se référer au au livre ou aux conférences de Yves Darricau que j’aime beaucoup écouter à ce sujet là. Euh, qui nous explique que voilà le réchauffement est ici. Alors il nous montre des cartes fort bien faites qui montre que le climat réchauffe en France et et que les espèces végétales méditerranéennes vont bientôt être celles qu’on va élever à Lille,
on sera peut-être mort tous les deux à ce moment là, mais en tout cas c’est c’est intéressant et et du coup euh là, tout récemment j’ai implanté un un rucher et j’ai réfléchi justement avec ces méthodes et j’ai créé des avec des espèces qui sont pas des espèces qu’on qu’on plante couramment.
Alors il y a des espèces courantes et puis des un petit peu plus rares. Euh, chez chez nous, on a mis du chêne vert par exemple, parce que il explique que il y a des pucerons qui se mettent là-dedans, qui sont intéressants pour les abeilles à certaines périodes, on met des arbres qui sont par exemple qui vont avoir du nectar et du pollen.
Euh, en septembre octobre, normalement, en France, on n’avait pas besoin de ça. Puis en septembre octobre, elles font le lierre et puis elles se mettent en grappe, quoi, elles s’arrêtent, mais Mais là, on a besoin, même un petit peu après la floraison du lierre, d’avoir d’avoir certaines espèces qui fleurissent.
Et puis on se rend compte par exemple un apiculteur Quand la saison démarre, il va vous parler des noisettes, des saules mais les noisetiers c’est bien. Sauf que le noisetier, il aime le froid Donc euh, dans nos régions, les noisettes, elles sont de plus en plus riquiqui. Euh et et je sais pas si les noisetiers ils demeureront encore très longtemps chez nous.
Donc tout ça c’est à réfléchir, donc déjà lui lui offrir à manger toute l’année avec une diversité florale, c’est sympa. Quand on a comme en ce moment les champs de colza qui fleurissent, c’est intéressant, ça fait une grosse manne de pollen, de nectar, c’est c’est intéressant, mais euh, dans un mois, un mois et demi, il n’y aura plus rien. Et et donc? Euh, normalement, dans la nature, il y a différentes petites fleurs qui vont prendre le relais. Mais si on est dans une grande plaine de de fabrication de de semences, de colza ou de choses comme ça, et bien nos abeilles, elles, elles. C’est comme si nous, on mangeait la même chose tous les jours, tous les jours.
Donc forcément, on va tomber malade
comme ça, c’est la première chose. Puis la deuxième chose pour les aider à être résistantes aux maladies, outre le fait de bien les nourrir, c’est de les sélectionner. Ça, c’est une autre de mes passions, la sélection des animaux en général. Et puis il y a de l’apiculture, des, des abeilles. C’est très intéressant parce que, en apiculture, il y a un test tout bête qui s’appelle le test hygiénique. On va euh sacrifier une centaine de de larves d’abeilles, hein, dans le couvain operculé. Alors on a des petits systèmes, ça s’appelle pin test. Mais on peut faire ça avec une petite aiguille à la main. On va malheureusement pour elle piquer ces cent petites colonies.
Là, on peut le faire aussi. Alors ça, c’est des tests qu’on fait plutôt quand on est chercheur, avec de l’azote liquide, c’est lourd à manipuler, c’est compliqué, mais on peut aussi découper un petit cadre tout bête et le mettre dans son congélateur ménager. On découpe un petit carré avec cent abeilles dessus et ensuite donc elles vont mourir dans le, dans le froid et on le remet le lendemain dans la colonie et on va tester au bout de combien de temps les abeilles auront complètement nettoyé.
C’est ça le test hygiénique? En fait, quand les larves sont malades, les abeilles les détectent et elles vont les expulser par ce biais là on tue des larves artificiellement et on va regarder si par hasard la maladie arrivait en combien de temps elle le nettoierait et plus elle le nettoie vite, plus elle résiste finalement aux maladies.
Au moins on contacte longtemps avec elle.
M Donc ce petit test là il marche pour varroa pour la loque et cetera et cetera c’est rien à faire. Et euh bah quand on va chercher sur quelle colonie on va multiplier ou greffer encore mieux dans ces cas là, ça serait intéressant quand même de faire ce petit test et de ne pas prendre les colonies qui sont euh des mauvaises nettoyeuse
M.
Voilà ce que je pense qu’on pourrait faire pour aider à lutter les abeilles contre les maladies,
les nourrir et les sélectionner
Guillaume: m. D’accord d’accord. et il y a un moment, si on se projette, ça va être un peu ma dernière question par rapport à l’avenir. L’avenir. Quel avenir vous voyez pour la culture en France et à l’international? Mais avant tout, on va rester. On va rester à notre échelle avant tout. Quel avenir vous voyez en France?
Vous disiez à un moment au début que l’abeille se débrouillera très bien toute seule. Elle s’est adaptée jusqu’à jusqu’à là et elle après. Mais n’empêche que par rapport à la, donc la relation homme abeille, quelles sont un peu vos vos réflexions et vos projections pour les les années à venir?
Samuel Boucher -: Bah c’est tout à fait ça, en fait l’abeille, je me fais pas beaucoup de soucis pour elle. Il y avait des abeilles sauvages avant nous, il y en aura après nous sans doute. euh elle je pense que sur du long terme elle va s’adapter mais nous ce qu’on veut c’est qu’elle produise du miel et ce qu’une colonie Euh on dit une colonie ferale c’est une colonie qui est retournée dehors à l’état sauvage, va produire ou ce qu’une colonie euh sélectionnée va produire, c’est pas du tout la même la même chose, la même quantité Donc euh notre abeille sauvage je pense je je suis optimiste de nature donc je pense qu’elle va s’adapter. Après pour l’apiculture c’est plus compliqué. Le réchauffement fait que bah on a tout un tas de parasites, de bio agresseurs et cetera qui arrivent. C’est compliqué pour tout le monde. en particulier pour l’abeille. Et on voit bien hein, varroa, on a estimé à cinq kilos les pertes d’une colonie qui qui est contaminée encore de façon modérée. Ah, on voit que je discutais la semaine dernière avec un apiculteur qui lui est vendeur de de essaims. Donc il multiplie beaucoup son cheptel et il me disait que bah le cheptel qu’il multiplie en fin de saison euh fin juin début juillet, on va dire euh c’est déjà plus compliqué parce que on on va arriver au mois d’août avec la venue des frelons, les essaims seront encore tout petits.
Les abeilles ne vont pas sortir, elles vont pas, elles vont pas beaucoup aller butiner et donc il réfléchissait même à produire plus de essaims au printemps tant que le frelon n’est pas encore là pour
avoir la quantité qu’il lui faut pour pour vivre sur son exploitation, mais à arrêter les les productions euh plutôt tardives qui de toute façon sont vouées à des taux de mortalité hivernale assez importantes ou nécessitent des nourrices.
Euh Euh des investissements très très forts en nourris, en main d’oeuvre et cetera ils ne sont pas forcément très intéressants. Donc oui, le l’avenir de l’abeille en tant que tel, je ne me fais pas de souci, l’avenir de l’apiculture, mais il va falloir trouver des adaptations et tout ça. Mais on y arrive hein il y a il y a quelques années et jamais jamais on m’appelait l’été parce que des colonies avaient fondu. Aujourd’hui c’est malheureusement, c’est ce qui se passe, hein? On des fois on va un petit peu à l’économie en achetant sa ruche avec un bois pas très épais, on met pas d’isolant alors des des cours ou des formations sur les isolants en apicul, il y en a plein en ce moment et c’est très bien. Ah et puis euh, les ruches, elles étaient peintes de couleur foncée, souvent hein. Aujourd’hui, on se rend compte que si on peint une ruche en blanc et bien on gagne cinq degrés à l’intérieur. Donc tout ça c’est très intéressant euh et je pense que l’homme a encore besoin de faire marcher sa cervelle pour arriver à s’adapter à toutes ces petites choses qui qui nous tombent sur le sur le dos.
On va dire en apiculture mais bon restons optimiste tout ça on va y arriver euh après il ne faut pas baisser les bras et et et quant aux maladies je pense que franchement pour l’instant on a encore beaucoup de moyens euh pour euh pas pour pas forcément pour les éradiquer mais pour comme avec les autres espèces, vivre avec et et garder une abeille rentable malgré ces quelques agents pathogènes combien le droit de vivre aussi les pauvres?
Guillaume: M Oui, c’est sûr. merci. Merci pour votre optimisme Samuel c’est toujours plaisir à entendre, même si je pense que vous avez vous devez voir des choses qui ne sont pas pas forcément faciles et avoir aussi un aperçu d’ensemble qui qui peut montrer pas mal de nuages de ci de là. Mais ça fait très plaisir d’entendre votre optimisme.
Samuel Boucher -: c’est c’est toutes les joies de mon métier, je en permanence. Je traite des animaux malades et donc des gens malheureux.
Track 1: M
Samuel Boucher -: Euh, c’est pas pour autant qu’il faut s’effondrer quoi? Au
contraire, on redonne de l’espoir aux gens en leur disant que il y a moyen.
Guillaume: Merci merci beaucoup Samuel